Donald Trump est appelé à comparaître jeudi 3 août devant un tribunal fédéral de la capitale Washington, comme cela avait été le cas en juin à Miami, pour que lui soient signifiées les charges qui pèsent sur lui. À l’époque, le juge avait estimé qu’il ne risquait pas de s’enfuir, ne représentait pas un danger pour les autres, et n’a pas d’antécédents judiciaires violents. Il n’a donc pas été placé en détention en l’attente du procès – ce qui devrait être également le cas jeudi.
Le procureur spécial Jack Smith, qui dirige l’accusation, a indiqué qu’il cherchait à obtenir un « procès rapide ». Mais si Donald Trump était élu président avant la conclusion de la procédure, il pourrait être en mesure d’y mettre fin.
De plus, ni cette inculpation, ni une éventuelle condamnation ou même une peine de prison n’empêchent légalement le milliardaire de faire campagne.
Car la Constitution américaine ne demande pas grand-chose à un candidat à la présidence, si ce n’est d’avoir au moins 35 ans. Et si en théorie elle interdit à un responsable ayant participé à une « insurrection » ou une « rébellion » contre les États-Unis de se présenter à nouveau à un poste officiel, cela ne fait pas partie des charges qui pèsent sur Donald Trump : il a été inculpé mardi de « complot à l’encontre de l’État américain », entrave à une procédure officielle et atteinte aux droits électoraux.
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Par ailleurs, si le milliardaire était condamné avant la présidentielle et ensuite élu, il pourrait accéder à la fonction suprême malgré tout et ensuite s’autoamnistier, selon un spécialiste de droit interrogé par la chaîne CNN. Dans ce cas, la Cour suprême pourrait toutefois avoir aussi son mot à dire : l’instance est à majorité conservatrice.
Enfin, si Donald Trump est condamné, il pourra certes devenir président, mais n’aura plus le droit de voter jusqu’à ce qu’il ait purgé une éventuelle peine.
Le document inculpant officiellement l’ancien président américain Donald Trump pour avoir tenté d’inverser les résultats de la présidentielle de 2020, dans une photo prise le 1er août 2023 à Washington. © Jon Elswick / AP
Selon Olivier Knox, journaliste politique au quotidien Washington Post et responsable de la Newsletter 202 Daily, les procédures juridiques en elles-mêmes ne vont pas « beaucoup jouer dans les primaires, mais cela coûte extrêmement cher » à Donald Trump « pour se défendre » et cela « peut lui nuire, parce que cela coûte très très cher d’être candidat à la présidence », analyse-t-il dans un entretien à notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin.
RFI : C’est la troisième inculpation de Donald Trump, donc cela devient presque une habitude. En quoi cette fois-ci c’est différent ?
Olivier Knox : D’abord, c’est une inculpation qui est basée sur ce qu’il a fait en tant que président. Les autres inculpations, c’est l’après présidence : le vol des documents secrets, confidentiels et classifiés. Là, elle porte aussi sur les faits du 6 janvier 2021, donc quand même quelque chose qui a marqué l’histoire de États-Unis. Il s’agit d’une première tentative de renverser une élection par la violence.
Donc c’est à la fois beaucoup plus sérieux pour Donald Trump, mais c’est aussi beaucoup plus difficile à cerner dans une cour de justice. Parce que les accusations portent beaucoup sur son état d’esprit, sur ses accusations que Joe Biden lui avait volé l’élection de 2020. Il faut montrer qu’il savait que c’était faux, beaucoup des faits reposent là-dessus. Donc c’est plus difficile à prouver.
Beaucoup plus sérieux bien sûr puisqu’il s’agit des faits historiques du 6 janvier et on s’attend à ce qu’il ait une quatrième inculpation, en Géorgie pour avoir essayé d’obliger les dirigeants républicains dans cet État du Sud à renverser les résultats sur place.
Le crime dont il est accusé est particulièrement grave, il est même historique, inédit dans l’histoire des États-Unis pour un président. Est-ce que politiquement pour lui c’est plus difficile d’avoir cette accusation, cette inculpation ?
Je ne crois pas, parce depuis le 6 janvier 2021, d’abord on a vu les dirigeants républicains qui étaient très critiques à son égard. Le dirigeant républicain à la chambre Kevin McCarthy, représentant républicain de Californie, avait dit « il en porte la responsabilité ». Donc c’était quand même très sérieux à l’époque et on a vu une évolution au sein du parti républicain, une évolution très nourrie par Fox News et les autres médias d’extrême droite.
Maintenant les électeurs républicains ne voient plus les faits du 6 janvier comme étant aussi graves qu’ils ne le voyaient le 7 janvier. Il est quand même en tête, et de loin, devant le reste des candidats à l’investiture républicaine pour 2024. Les autres inculpations n’ont pas fait de dégâts. D’ailleurs ses deux meilleurs jours de collecte de fond cette années, ce sont les jours de ses deux inculpations.
Donc on ne pense pas que cela va beaucoup jouer dans les primaires. Mais par contre, cela lui coûte extrêmement cher : il aura dépensé des dizaines de millions de dollars pour se défendre lui-même et pour défendre ses associés et on a vu que, malgré sa collecte de fonds prodigieuse, il a quand même un de ses fonds qui est presque à zéro, tellement ils ont dépensé d’argent pour le défendre. Et cela va continuer et peut lui nuire, parce que cela coûte très très cher d’être candidat à la présidence aux États-Unis.