L’une des trois conditions fixées par TotalEnergies pour le redémarrage de ses activités dans le Cabo Delgado, activités suspendues depuis 2021 à cause des problèmes sécuritaires, vient d’être remplie. La major attendait les recommandations du rapport de l’ex-ambassadeur Jean-Christophe Rufin missionné pour évaluer la situation humanitaire dans la région ainsi que les actions prises par le consortium Mozambique LNG, dont TotalEnergies est l’actionnaire majoritaire. C’est chose faite. Mardi 23 mai, TotalEnergies a rendu publique ce rapport de 50 pages rédigé à l’issue de trois déplacements de Jean-Christophe Rufin.
Le document conclut à l’amélioration des conditions sécuritaires et humanitaires dans la zone, mais préconise également à l’entreprise de mener une véritable stratégie de développement ainsi que « l’achèvement rapide du processus de relocalisation dans le respect des droits des populations ».
Parmi les problèmes identifiés par le rapport : des délais d’indemnisation trop longs, des restrictions d’accès aux terres pour les personnes destinées à être déplacées, l’éloignement et la sur-exploitation des zones de pêche réattribuées.
Le rapport dresse 13 préconisations. Parmi lesquelles : l’élaboration d’une stratégie cohérente pour les actions socio-économiques, placer ces actions sous l’autorité d’un responsable senior qui aura notamment pour rôle d’être en contact avec les différents acteurs sur le terrain, notamment les ONG et les agences des Nations unies, établir un budget pérenne, effectuer un audit des procédures réalisées par les prestataires, etc.
Face à ces recommandations, TotalEnergies assure que l’ensemble des partenaires du projet ont approuvé un plan d’actions. Il inclut notamment la création d’une fondation dédiée qui sera dotée d’un budget pluriannuel de 200 millions de dollars, ou encore la réalisation d’un audit des processus de relocalisation et de compensation.
Le texte pointe également l’accord qui lie TotalEnergies à l’armée mozambicaine. Les termes du contrat hérité du précédent projet prévoient l’appui au logement des soldats dans la zone, un engagement pour l’intendance alimentaire et le versement d’une prime individuelle.
Mais la nouvelle configuration sur le terrain à la fois sécuritaire et l’engagement de nouvelles forces appellent à la renégociation de cet accord. Le risque est de « faire du projet une partie au conflit », souligne le rapport. « Tout lien direct entre le consortium et l’armée mozambicaine devrait être coupé », préconise-t-il encore. Sur ce sujet, TotalEnergies assure que le consortium a engagé le dialogue avec les autorités.