Nicaragua: un juge argentin ordonne l’arrestation du président Ortega pour «violation des droits de l’Homme»

Un juge argentin a ordonné l'arrestation du président nicaraguayen Daniel Ortega, son épouse Rosario Murillo et plusieurs proches, accusés de «violations systématiques des droits de l'Homme». (Image d'illustration)
Un juge argentin a ordonné l’arrestation du président nicaraguayen Daniel Ortega, son épouse Rosario Murillo et plusieurs proches, accusés de «violations systématiques des droits de l’Homme». (Image d’illustration) © Leonardo Fernandez Viloria / REUTERS

« Le juge fédéral Ariel Lijo a ordonné l’assignation à comparaître et le mandat d’arrêt international de Daniel Ortega et Rosario Murillo », a déclaré à l’AFP Dario Richarte. L’affaire est basée sur le principe de la compétence universelle, qui permet aux pays de poursuivre les crimes contre l’humanité, quel que soit le lieu où ils ont été commis, a-t-il expliqué.

Le gouvernement de Daniel Ortega et de son épouse « est peut-être la dictature la plus sanglante qui ait jamais existé sur le continent », a estimé Dario Richarte. Les crimes dont ils sont accusés comprennent « l’assassinat, la privation grave de liberté, la disparition forcée de personnes, la torture, la déportation ou le transfert forcé de population et la persécution d’un groupe ou d’une collectivité ».

Une plainte déposée en 2022

La plainte a été déposée en août 2022 par un groupe de professeurs de l’Université de Buenos Aires dirigé par Dario Richarte. Un mandat d’arrêt a également été émis à l’encontre de « chacun des responsables de la structure étatique, policière, militaire et paramilitaire, pour crimes contre l’humanité », a-t-il ajouté.

La plainte évoque un « plan criminel de répression » et s’appuie sur des témoignages de victimes restées anonymes. L’action en justice « a été élargie au fur et à mesure que la dictature commettait de nouvelles violations des droits de l’Homme », a indiqué l’avocat.

Cette plainte repose sur le principe de compétence universelle, qui permet à un État de juger les crimes contre l’humanité indépendamment de la nationalité de l’auteur, de la victime ou du lieu où le crime a été commis.

Ce principe, déjà appliqué par la justice argentine en septembre pour ordonner l’arrestation du président vénézuélien Nicolas Maduro, avait notamment permis l’arrestation à Londres en 1998 de l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet après un mandat d’arrêt émis par un juge espagnol, rappelle notre correspondant à Buenos Aires, Théo Conscience.

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Mi-décembre, l’ONG Amnesty International avait estimé que « personne n’est à l’abri » du « modèle répressif » mis en place au Nicaragua par le gouvernement du président Ortega, qui menace les droits humains d’une manière « sans précédent ».

Daniel Ortega accusé d’avoir instauré une autocratie avec son épouse

Daniel Ortega, un ancien guérillero de 79 ans qui a dirigé le Nicaragua dans les années 1980 après le triomphe de la révolution sandiniste, est revenu au pouvoir en 2007. Il a réformé une douzaine de fois la Constitution, lui permettant notamment un nombre indéfini de mandats.

Il est accusé par les États-Unis, l’Union européenne et les pays d’Amérique latine d’avoir instauré une autocratie avec son épouse, qui deviendra « coprésidente » à la faveur d’une réforme constitutionnelle adoptée en novembre par le Parlement.

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