Ce mercredi 25 janvier, Chris Hipkins est officiellement devenu le nouveau Premier ministre de Nouvelle-Zélande, succédant, lors d’une cérémonie d’investiture à Wellington, à Jacinda Ardern qui a quitté le Parlement sous les applaudissements de centaines de néo-zélandais. Mais avec une popularité déclinante.
Il y a une semaine, Jacinda Ardern a stupéfié la Nouvelle-Zélande en annonçant soudainement son retrait du pouvoir, moins de trois ans après avoir obtenu un second mandat à l’issue d’une victoire électorale écrasante. Mme Ardern, 42 ans, a affirmé n’avoir « plus assez d’énergie » pour continuer à exercer ses fonctions, après cinq années marquées par une éruption volcanique meurtrière, le pire attentat jamais perpétré dans le pays et la pandémie de Covid-19. Son successeur, M. Hipkins, a prêté serment au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée à Wellington, la capitale, et s’est dit « plein d’énergie et enthousiasmé par les défis qui l’attendent ».
« C’est le plus grand privilège et la plus grande responsabilité de ma vie », a déclaré M. Hipkins, 44 ans, qui a été salué pour son mandat de près de deux ans en tant que ministre en charge de la lutte contre le Covid-19, dans un pays qui a fermé ses frontières pour conjurer la pandémie et ne les a rouvertes qu’en août 2022. Mme Ardern a fait sa dernière apparition publique en tant que Première ministre plus tôt dans la journée, sortant du Parlement sous les applaudissements spontanés de centaines de membres du personnel et de spectateurs.
Popularité en berne
La popularité du gouvernement travailliste (centre-gauche) s’était dégradée ces derniers mois en raison d’une récession menaçante et d’une résurgence de l’opposition conservatrice. C’est à M. Hipkins que reviendra la lourde tâche de relancer sa popularité avant les élections générales d’octobre 2023. Le nouveau Premier ministre a déjà fixé le cap : « Le Covid-19 et la pandémie mondiale sont à l’origine d’une crise sanitaire. A présent, cette crise est aussi économique, et c’est sur ce point que mon gouvernement se concentrera », a-t-il souligné.
M. Hipkins, qui a étudié la politique et la criminologie à l’université de Victoria et a ensuite travaillé dans le secteur de la formation industrielle, a indiqué que le coût de la vie était l’une de ses priorités, mais s’est montré plus réservé quand il a été interrogé sur d’autres potentiels changements politiques. Après avoir présidé sa première réunion de cabinet mercredi après-midi, M. Hipkins a déclaré que c’était un « moment d’immense fierté » pour lui de prendre « le relais des responsabilités » de Mme Ardern.
Un Néo-Zélandais « ordinaire »
Ce père de deux enfants se décrit comme un Néo-Zélandais « ordinaire » issu d’un milieu ouvrier, qui aime les roulés de saucisses et se rendre au travail à vélo. Il a condamné les insultes « absolument odieuses » proférées à l’encontre de sa prédécesseure sur les réseaux sociaux, qui se sont intensifiées au cours de son mandat. Si la démission de Jacinda Ardern a déclenché un débat à l’échelle nationale au sujet du dénigrement des femmes dirigeantes, particulièrement sur les réseaux sociaux, l’ancienne Première ministre a affirmé, le 24 janvier, qu’elle « détesterait » que son départ soudain soit perçu comme une critique envers son pays.
Mme Ardern, figure de proue mondiale de la politique progressiste, a renforcé la présence de la Nouvelle-Zélande sur la scène internationale. À l’étranger, le prince William a été l’une des premières personnalités à la féliciter à l’occasion de son départ : « Merci Jacinda Ardern pour votre amitié, votre leadership et votre soutien au fil des ans, notamment au moment de la mort de ma grand-mère », a-t-il écrit sur Twitter.
Distance avec les joutes oratoires politiques
Jacinda Ardern, qui continuera à siéger au Parlement, a annoncé son intention de prendre ses distances avec les joutes oratoires politiques. Elle a également déclaré qu’elle prévoyait d’épouser son partenaire Clarke Gayford, une personnalité de la télévision qui présente une émission de pêche, et qu’elle avait hâte d’emmener sa fille Neve à l’école.