Le conflit se poursuit, jeudi 13 octobre, dans les raffineries en grève. Les stations-essence manquant toujours plus de carburants, le gouvernement a réquisitionné un nouveau dépôt pétrolier, tandis que des discussions inédites doivent se tenir pour trouver une issue à la crise : TotalEnergies a invité les organisations syndicales à des négociations salariales dans la soirée de jeudi. Un appel à une journée de grève interprofessionnelle a été lancé pour le mardi 18 octobre.
Devant les grandes cuves et les immenses cheminées métalliques de la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), les salariés discutent et regardent leurs téléphones à l’affût d’une annonce, ce 13 octobre. Dans la matinée, TotalEnergies a fait un premier pas : une hausse de 6% des salaires l’année prochaine et une prime exceptionnelle d’un mois.
Au micro de Matthieu Bonhoure, Jérémy Pavy, représentant CGT, réagit : « Il est presque insultant ce pas. Je vous rappelle que la revendication numéro un de la CGT, c’est un rattrapage de 10% de l’inflation sur 2022. Il faut aussi qu’il y a une volonté gouvernementale. »
La CGT a appelé, dans la matinée, à élargir le mouvement de grève « dans toutes les entreprises » du secteur de l’énergie. Un appel à la convergence des luttes que notre envoyé spécial, Pierre Olivier, a pu constater devant la raffinerie Total de Gonfreville, en Normandie.
En fin de journée jeudi, la CGT, FO, Solidaires, la FSU et les organisations de jeunesse Fidl, Unef, MNL et la Vie lycéenne ont appelé à une journée de grève et de manifestations interprofessionnelles mardi 18 octobre.
Référé contre la réquisition
Le gouvernement a lancé à la mi-journée la réquisition d’un dépôt de carburants TotalEnergies, près de Dunkerque. Un premier dépôt d’Esso-ExxonMobil en Normandie avait déjà été réquisitionné mercredi. 30% des stations-service françaises sont à sec, selon le ministère de la Transition énergétique.
Le recours en référé de la CGT contestant la réquisition de personnels sur le site d’Esso-ExxonMobil à Port-Jérôme (Seine-Maritime) a quant à lui été mis en délibéré à vendredi matin, 10h, selon l’AFP. Dans l’appel des syndicats à une journée de grève interprofessionnelle le 18 octobre, les salariés sont appelés à manifester pour « les salaires et la défense du droit de grève », en réponse notamment aux réquisitions personnels de l’industrie pétrolière. Celles-ci ont été « l’élément déclencheur » qui ont convaincu Force ouvrière de rejoindre l’intersyndicale, a affirmé la représentante de FO, Patricia Drevon.
Des « négociations salariales collectives » ouvertes à partir de jeudi soir
À Donges, les grévistes pointent du doigt la très bonne santé financière de TotalEnergies. « On demande un juste partage. La question des salaires est centrale en France, elle n’est pas que sur TotalEnergies. Après, si chez TotalEnergies, on n’arrive pas à augmenter les salaires, où est-ce que ça se fera en France, avec une entreprise numéro un du CAC40 ? », rappelle Jérémy Pavy. Les salariés n’en démordent pas : ils veulent une hausse de 10% des salaires et une récupération de l’inflation sur l’année écoulée.
Les grévistes de l’ensemble des sites paralysés ont voté, à la mi-journée, la reconduction de leur mouvement, hormis à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Un accord avait été trouvé mardi entre la direction du site et deux syndicats majoritaires. Une exception dans le conflit en cours.
Un pas en avant est, néanmoins, envisageable : TotalEnergies, après avoir vu ses propositions matinales rejetées, a invité les organisations syndicales à des « négociations salariales collectives » ce jeudi à partir de 20h. C’est une première depuis le début de la grève, le 27 septembre ; le groupe pétrolier conditionnait, jusqu’à présent, l’ouverture de telles négociations à la levée des blocages.
Mais aux alentours de 2h du matin vendredi, la CGT a quitté la table des négociations. « Les propositions qui sont sur la table sont largement insuffisantes », a déclaré Alexis Antonioli, secrétaire général CGT de la plateforme TotalEnergies Normandie, dénonçant une « mascarade ». Les syndicats CFE-CGC et CFDT eux continuaient les discussions.