Le semi-marathon de Brooklyn a eu lieu à New York pour la première fois depuis le début de la pandémie ce samedi. Un jeune coureur d’une trentaine d’années s’est effondré après avoir terminé la course de 21 kilomètres avant de succomber d’un arrêt cardiaque. Seize personnes au total ont été emmenées à l’hôpital ce jour-là selon le corps des sapeurs-pompiers de New York (FDNY), dans un contexte de chaleur et d’humidité inhabituelles pour la saison.
Après un week-end de températures record aux États-Unis et en Europe occidentale, l’été est arrivé avec un mois d’avance. Les rapports publiés en janvier et en avril par le Copernicus Climate Change Service (C3S), financé par l’Union Européenne, indiquent que les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et que le nombre de jours d’été engendrant des taux élevés de stress thermique est en augmentation.
Le rapport du C3S sur l’état du climat en Europe (European State of the Climate report) indique que les températures extrêmes ont des répercussions sur tous les domaines, de l’agriculture à la production énergétique, et surtout sur la santé humaine. Les athlètes toutes disciplines confondues ressentiront l’impact du changement climatique causé par l’augmentation du taux de gaz à effet de serre causant le phénomène de réchauffement climatique.
« Les concentrations de dioxyde de carbone et de méthane continuent d’augmenter d’année en année, sans signe de ralentissement », a déclaré Vincent-Henri Peuch, directeur du programme d’observation Copernicus, dans un communiqué accompagnant les résultats du mois de janvier. « 2021 a été une nouvelle année de températures extrêmes avec l’été le plus chaud en Europe, des vagues de chaleur en Méditerranée, sans oublier des températures élevées sans précédent en Amérique du Nord », a ajouté Carlo Buontempo, directeur du C3S. « Ces événements nous rappellent brutalement qu’il faut changer nos habitudes, prendre des mesures décisives et efficaces en faveur d’une société durable et travailler à la réduction des émissions de CO2 ».
L’initiative « Move to Zero » de Nike pour réduire les émissions de CO2
En 2019, Nike s’est associé au Climate Impact Lab, une coalition de plus de 30 climatologues, économistes, analystes et autres experts issus des principaux instituts de recherche américains. Cette collaboration a démontré comment la hausse des températures a déjà eu et continuera d’avoir un impact sur l’activité des athlètes : la hausse continue des températures pourrait amputer les calendriers d’entraînement de deux mois d’ici 2050 pour des sports comme le football américain, mais également impacter les sports d’hiver, diminuant les jours d’entraînement de 11 à 22 pour cent sur la même période.
Afin de souligner le lien entre le climat et le sport et de mettre en avant son ambition zéro déchets et de neutralité carbone, Nike a lancé sa campagne « Move to Zero », qui coïncide avec sa collaboration avec le Climate Impact Lab. L’ambition de Nike : multiplier les initiatives telles que la suppression des plastiques à usage unique de tous les campus Nike, l’alimentation des centres de distribution en énergie renouvelable (comme c’est déjà le cas en Belgique), la transformation des chaussures usagées et des déchets textiles au profit du matériau upcyclé Nike Grind (incorporé dans les pistes de course, les terrains de basket et les tapis de gymnastique). De plus, Nike restaure et revend ses paires de chaussures usagées peu portées à prix réduit.
Nouvelles méthodes pour un avenir meilleur
Pour minimiser l’impact sur la planète, le processus de conception d’un produit doit tenir compte de sa fin de vie. Les systèmes de recyclage actuels ne sont pas conçus pour les vêtements et les chaussures, qui nécessitent un tri manuel, une séparation par fibre, le retrait des garnitures non recyclables et d’autres opérations de démontage. De nombreux articles sont également constitués de matériaux mixtes, et contiennent des produits chimiques ou plastiques, et il n’existe pas encore de solutions technologiques ou chimiques pour les décomposer.
Selon l’Agence de protection de l’environnement (EPA), seuls environ 13 pour cent des vêtements et des chaussures jetés aux États-Unis finissent par être recyclés. Les entreprises devraient donc contribuer à développer des méthodes de recyclage en les intégrant dans un processus de conception circulaire où les déchets peuvent devenir une ressource matérielle. Actuellement, la France est le seul pays qui impose une politique obligatoire de responsabilité élargie des producteurs (REP) aux entreprises produisant de nouveaux textiles et vêtements sur le marché, ce qui les oblige à assumer la responsabilité de la collecte et du recyclage de leurs produits usagés. C’est pourquoi Nike, basé dans l’Oregon, a lancé son propre programme de production circulaire.
À travers différentes publications sur les enjeux d’un système de production circulaire, Nike a reconnu que son équipe n’a pas encore toutes les réponses à ces questions essentielles. Mais grâce à la création d’un cahier de travail en libre accès, l’entreprise a établi 10 grands principes à suivre. Le document, accessible au public et intitulé « Circularity : Guiding the Future of Design », pose les questions de décomposition des matériaux, d’oxofragmentation, de valeur des composants en dehors du produit fini, ou de la nécessité de kits de réparation.
« Nous donnons à chacun les moyens d’être à l’origine du changement, et nous constituons des équipes diverses et inclusives afin d’innover sans relâche pour les athlètes et pour la planète », a déclaré Noel Kinder, responsable du développement durable chez Nike.
Le quatrième principe de la conception circulaire pour Nike est le désassemblage, qui permettrait de faciliter le processus de recyclage de ses produits. « On pense trop souvent qu’une chaussure n’est qu’une chaussure. Or, en réalité, c’est un véritable trésor », peut-on lire dans le document. Une déclaration qui annonce un nouveau lancement pour la marque.
Le modèle Nike ISPA Link voit le jour
ISPA est un acronyme qui résume la philosophie du design circulaire : improviser, sauvegarder, protéger, s’adapter. Sans entraver la fonctionnalité, l’équipe de conception du modèle ISPA a réussi à remplacer la colle traditionnelle qui rend le démontage, et donc le recyclage, extrêmement difficile. Le recyclage des chaussures se fait généralement par déchiquetage, un processus qui demande beaucoup d’énergie et qui, selon Nike, a ses limites.
Le modèle ISPA Link se compose de trois modules qui s’emboîtent sans colle. La semelle intermédiaire est constituée d’attaches qui s’insèrent dans des ouvertures. En supprimant le processus de collage (très chronophage), Nike estime le temps d’assemblage de cette nouvelle paire à huit minutes. Ce modèle ne nécessite pas non plus d’étapes à grande consommation d’énergie comme le refroidissement ou le chauffage, ce qui permet de réduire les émissions carbone à la fois dans le processus de fabrication et de recyclage. En rendant les étapes de démontage suffisamment faciles pour que les clients puissent les effectuer eux-mêmes, les chaussures pourraient être démontées avant d’arriver au service de recyclage de Nike, ce qui permettrait de répartir plus efficacement la main d’œuvre.
Le confort et la stabilité de l’ISPA Link ont été testés par 40 athlètes pendant environ 200 heures, selon un communiqué de l’entreprise. « Nous espérons que ces idées et nouvelles pratiques vont se normaliser et ainsi nous permettre de continuer à imaginer comment encore faire évoluer la production de chaussures », a déclaré Darryl Matthews, vice-président de Catalyst Footwear Product Design.
La ISPA Link sera disponible en juin dans les magasins Nike et sur les plateformes de e-commerce. Son prix n’a pas encore été annoncé, mais on peut imaginer qu’il s’alignera sur le modèle ISPA Flow de 2020, vendu pour environ 170 euros. L’ISPA Link Axis suivra au début de l’année 2023 et remplacera la méthode traditionnelle de coupe et de couture (utilisée pour fabriquer le modèle Link) par une tige Flyknit en polyester entièrement recyclé conçue pour s’adapter à la semelle extérieure. Une nouvelle avancée qui permettra d’éliminer les coutures et ainsi faciliter le démontage.
L’engagement de Nike s’apparente ainsi à celui d’un athlète : patience et persévérance semblent être les clés des prochaines innovations en matière de développement durable. C’est ce que fait remarquer John Hoke, directeur du design chez Nike. « En nous concentrant sur le progrès et non sur la perfection, nous donnons à notre métier la possibilité de devenir un réel acteur du changement. »