Réforme des retraites: les manifestants retiennent leur souffle face aux motions de censure

C’est ce lundi 20 mars qu’arrivent dans l’hémicycle les deux motions de censure qui pourraient faire tomber le gouvernement d’Élisabeth Borne, et qui entraîneraient le retrait de la réforme des retraites. Le vote se tiendra dans l’hémicycle à 16h. En attendant, les Français mobilisés contre le texte retiennent leur souffle. Ils étaient des milliers, ce week-end encore, à descendre dans la rue pour faire entendre leur colère. Mais ce bruit suffira-t-il à faire pencher certains députés du côté de l’opposition ?

Un manifestant se protège des canons à eau utilisés par la police pour disperser le rassemblement place d'Italie, dans le XIIIe arrondissement de Paris, le 18 mars 2023.
Un manifestant se protège des canons à eau utilisés par la police pour disperser le rassemblement place d’Italie, dans le XIIIe arrondissement de Paris, le 18 mars 2023. © AFP/Julien de Rosa

Dans le jeu politique qui a commencé avec le recours à l’article 49.3 – les manifestants ont jusqu’à cet après-midi pour jouer leur carte. Mathieu, un manifestant d’une trentaine d’années, a profité du rassemblement de samedi 18 mars place d’Italie à Paris pour jouer la sienne, en se joignant au cortège.

La motion de censure a peut-être ses chances, mais ça ne sera pas sans conséquence. « Je ne crois pas beaucoup en ce jeu-là », pense Mathieu. « À mon avis, c’est juste du spectacle en fait parce qu’au final cela va juste avoir pour résultat de faire tomber le gouvernement, Emmanuel Macron va demander à des LR de venir dans son gouvernement et du coup, il pourra faire ce qu’il veut avec cette alliance-là. Pour moi, la motion de censure va juste pousser à faire une alliance parce qu’il y a des LR qui grattent à la porte depuis très longtemps et qui n’attendent qu’une chose, c’est de rentrer au gouvernement. »

« On ne lâchera rien jusqu’au retrait de la loi »

C’est paradoxalement dans les rangs du parti LR (Les Républicains) que l’opposition espère récupérer les voix nécessaires pour destituer le gouvernement. Yves, venu sous les couleurs du syndicat SUD-Éducation, préfère rester prudent : « On verra bien. Ça se joue, quand même, à quelque vingt voix. Mais on ne lâchera rien en tout cas jusqu’au retrait de la loi. »

Cette motion a-t-elle une chance d’aboutir ? Jean, un habitant du quartier, jeune retraité et solidaire du mouvement, balaie la question du revers de la main. D’autres remparts contre cette réforme existent : « C’est le côté institutionnel. Après, il y aura le Conseil constitutionnel, il y aura peut-être le référendum d’initiative partagée… Il y a plein de choses. Mais le fond, c’est que peut-être, un jour, il va comprendre que l’intérêt, c’est de représenter l’ensemble de la population. Il faut qu’ils sortent de cette impasse. »

 

Le souhait d’un scénario à l’image du CPE

Une critique dirigée directement contre Emmanuel Macron. Ce n’est pourtant pas lui qui risque sa place lundi, mais selon Vincent, ingénieur de recherche qui a fait le déplacement du département voisin, le président de la République a tout de même une carte importante à jouer :

« Il y a encore une option, c’est que la loi ne soit pas promulguée. Ça s’est déjà vu au moment du CPE [Contrat première embauche, NDLR] par exemple. On pourrait imaginer qu’Emmanuel Macron, s’il est aussi intelligent qu’il croit l’être, pourrait choisir de ne pas promulguer la loi. Ce qui lui permettrait une “sortie par le haut” de cette sale affaire dans laquelle il s’est mis tout seul. »

Quoi qu’il se passe cet après-midi, ces milliers de Français mobilisés depuis le mois de janvier veulent croire que la partie n’est pas tout à fait perdue.

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