L’heure est au recueillement dans cette petite église du centre Londres, située non loin de Picadilly et de Trafalgar Square. Ce matin là, les prières sont dédiées à la reine disparue mais aussi à son fils, le nouveau roi Charles III, explique à la sortie de l’église la révérende Mariama Ifode-Balease. « Comme l’a dit Shakespeare : “lourde est la tête qui porte la couronne”. Donc mon espoir et ma prière, c’est que notre nouveau roi porte cette couronne avec intégrité et dignité », dit-elle.
Le roi Charles III a été préparé toute sa vie à ce rôle de monarque. Il peut compter pour y parvenir sur la puissance du faste, de la tradition et de la fascination qu’exerce la Couronne sur les Britanniques, en témoigne l’enthousiasme suscité devant le palais de Buckingham par chacune de ses apparitions.
« J’ai pu lui serrer la main il y a quelques minutes, c’est incroyable », s’exclame une Britannique, venue se recueillir. « Il a serré la main de tout le monde et il a dit merci pour les fleurs. Il est en deuil et c’est la dernière chose qu’il souhaite faire, mais il prend sur lui, et il est avec nous ! »
Mais c’est une tâche difficile qui attend le nouveau roi : succéder à une reine immensément populaire et qui a su incarner la fonction de monarque à la perfection. Parmi les qualités d’Elizabeth II : la capacité à ne jamais donner son avis.
« C’est un équilibre très fragile pour le roi, qui doit garder son nez en dehors de la politique. S’il franchit cette ligne, alors il peut perdre les faveurs du public », avertit un Britannique. « La reine, elle ne l’a jamais fait : personne n’a jamais su ce qu’elle pensait… et tout le monde adorait ça ! Je crois que Charles doit trouver cette formule magique, s’il veut avoir le même succès que la reine. »
Pour Rebecca, venue déposer un bouquet de fleurs devant le palais, Charles III aura un défi supplémentaire à relever : celui de garantir la stabilité du pays en pleine crise économique. « Ce que la monarchie sait très bien faire dans les moments de crise, c’est rassembler les gens… Un monarque ne doit pas être flamboyant, il doit être un point d’ancrage solide dans les moments difficiles », souligne Rebecca.
Pour assurer l’avenir de la Monarchie, le nouveau roi devra aussi montrer qu’il peut la moderniser. Par exemple, en réduisant le train de vie de la famille royale. Les Britanniques restent attachés à la tradition et à la stabilité apportés par la Couronne, mais ils s’agacent des dépenses somptuaires qui en découlent.