Le Premier ministre travailliste Keir Starmer, déjà sous pression après moins de trois mois au pouvoir, a affirmé ce mardi au congrès de son parti sa détermination à « reconstruire le Royaume-Uni » après 14 ans de règne conservateur, mais il a prévenu que ce serait un « projet à long terme ».
Dans un pays qui tente de sortir de deux années de crise du coût de la vie et dont les services publics sont à genoux, le chef du gouvernement travailliste était appelé par beaucoup au sein de son parti à insuffler un peu d’optimisme, après avoir passé ses premières semaines au pouvoir à faire un tableau très noir du bilan laissé par les Tories.
Une situation difficile en héritage
Émeutes racistes, situation économique difficile, les premiers mois de Keir Starmer au 10 Downing Street se sont avérés compliqués, rappelle notre correspondante à Londres, Émeline Vin. Alors le Premier ministre veut rappeler à ses militants l’intérêt d’un parti travailliste au pouvoir. « Le changement a débuté : nous avons levé l’interdiction des éoliennes sur terre, lancé Great British Energy, une unité de sécurité frontalière, préparé un projet de loi de protection des droits des locataires ».
Keir Starmer promet du changement et de gros efforts à venir. Il dit « entendre » les inquiétudes d’une partie des Britanniques sur l’immigration. « Mais si l’on veut lutter efficacement contre l’immigration illégale, nous ne pouvons pas faire comme s’il existait une solution miracle qui nous permette de renvoyer les personnes clandestines sans permettre à une partie de ces immigrants d’obtenir l’asile ».
Un tacle au gouvernement conservateur précédent, que le Premier ministre n’oublie pas de citer. « N’oubliez pas ce qu’ils ont fait. Ils sont responsables de l’état de notre pays. Pourquoi est-on obligés de libérer des prisonniers de manière anticipée ? Pourquoi nos services publics sont-ils à genoux ? Pourquoi la criminalité reste impunie, nos rivières polluées, nos finances publiques à sec ? Parce que pendant 14 ans, les Conservateurs ont adopté la politique de la solution facile ».
Espoir et mesures douloureuses
Keir Starmer se donne un objectif pour son mandat : redonner confiance aux Britanniques dans la politique. Répondant aux critiques sur certaines premières mesures prises par son gouvernement, notamment la suppression d’un chèque énergie pour les retraités, il a affirmé qu’il avait un « devoir » de prendre « les décisions nécessaires » pour le pays.
Le futur budget, qui sera présenté le 30 octobre, sera une étape cruciale, même si Keir Starmer a déjà prévenu depuis des semaines qu’il serait « douloureux ». Selon un sondage YouGov publié ce 24 septembre, parmi les Britanniques qui mettaient leurs espoirs dans le nouveau gouvernement, 23% se disent déçus. Mais Keir Starmer semble avoir plutôt convaincu les militants présents à Liverpool.