Des milliers de Britanniques sont descendus dans les rues samedi pour protester contre la crise du coût de la vie, brûlant parfois des factures alors que le gouvernement assume tant bien que mal sa politique budgétaire après une semaine de chaos sur les marchés financiers.
Inflation au plus haut, livre sterling au plus bas, inquiétudes à l’approche de l’hiver… Le nouveau gouvernement conservateur de Liz Truss avait promis une action immédiate pour faire face à la crise, mais l’annonce la semaine dernière de baisses d’impôts massives à destination des plus riches a suscité plus de colère et d’incompréhension qu’autre chose.
« Soutenez les grèves », « Gelez les prix, pas les gens » ou encore « Des impôts pour les riches », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par des manifestants à Londres, qui convergeaient à l’appel de plusieurs organisations vers Westminster, dans le centre de la capitale.
« Je suis si en colère, je ne sais plus quand j’ai été aussi énervée ». Pancarte à la main, Jackie salue un groupe qui rejoint la manifestation. Sa facture d’énergie a doublé et ce n’est pas fini, dit-elle. Le taux d’intérêt de son emprunt à la banque risque de subir une nouvelle hausse. Une situation qu’elle n’est pas la seule à dénoncer. Pourtant elle se dit chanceuse, pour l’instant, elle n’est pas obligée de choisir entre se chauffer et se nourrir.
« Mon mari et moi, on travaille tous les deux et ma fille a 22 ans, je n’ai plus besoin de lui acheter son uniforme pour aller à l’école. Depuis que le mini budget a été annoncé vendredi dernier, ce que le gouvernement a déclaré, c’est une guerre des classes, on récompense les plus riches et ceux qui payent pour tout ça sont les travailleurs les plus modestes. »
Molly a mis tous ses projets en suspens depuis que l’inflation atteint des records. Cette professeure des écoles travaille depuis 6 ans dans un quartier populaire de la capitale. « J’ai vu un tel déclin dans la vie des enfants. Leur niveau de vie a tellement baissé. Ils sont nombreux à avoir faim en arrivant à l’école, le repas de midi devient leur seul repas de la journée. Tout cela, c’est le résultat direct de la politique du gouvernement. »
Congrès des conservateurs
Ce dimanche, le congrès des conservateurs débute à Birmingham dans un climat tendu, certains membres du parti demandent déjà la démission du ministre de l’Économie. Mais la nouvelle cheffe des conservateurs ne veut pas changer de cap. Elle compte profiter de ce congrès pour asseoir ses idées.
Liz Truss va devoir convaincre ses détracteurs et depuis l’annonce du mini-budget par son ministre de l’Économie Kwasi Kwarteng. Leur nombre grossit. La mesure tant décriée : réduire drastiquement les impôts afin de relancer l’économie, rassure Liz Truss. On lui reproche de surtout renflouer le portefeuille des plus riches. Des critiques s’élèvent même au sein des conservateurs.
« Une erreur » selon un député torie. « Une folie qui ne peut plus durer », selon un autre. Le parti n’a jamais été aussi bas dans les sondages. 33 points d’avance pour les travaillistes, selon l’institut Yougov pour le Times.
Pour les proches de Liz Truss, le pays traverse une crise économique, ce n’est pas l’heure d’une nouvelle rébellion en interne. Mais certains absents en disent long sur le climat actuel : plusieurs poids lourds du parti se tiennent à l’écart du congrès. Entre autres : Rishi Sunak, principal opposant de Liz Truss pendant la campagne et ex-ministre de l’Économie, et Boris Johnson, l’ancien Premier ministre renversé en juillet dernier.