Le Royaume-Uni s’enlise dans les grèves, avec ce lundi 6 février la plus grande grève jamais observée dans le secteur de la santé. Des dizaines de milliers d’infirmiers et d’ambulanciers débrayent dans le cadre d’un conflit salarial avec le gouvernement, ce qui risque de perturber davantage un système de santé déjà mis à rude épreuve.
C’est une mobilisation à la fois massive, et à contre-cœur. Le personnel hospitalier sera de nouveau en grève, lundi 6 et mardi 7 février, pour obtenir de meilleurs salaires et conditions de travail. Mais après deux jours de grèves inédites pour le NHS (le système de santé publique), au sein d’un mouvement social sans précédent au Royaume-Uni, les négociations sont toujours dans l’impasse.
Cette jeune infirmière espère que la mobilisation fera réagir le ministre de la Santé. « Aujourd’hui, il s’agit d’amener Steve Barkley à la table des négociations, il s’agit de reconnaître les compétences des infirmières et il s’agit en fin de compte de l’avenir du NHS. On est à genoux, le moral est au plus bas. Il n’a jamais été aussi bas et nous avons besoin de meilleures conditions de travail et d’un salaire équitable ».
« C’est aussi une question de sécurité »
Pour David, infirmier en hématologie et chimiothérapie, c’est à la fois une question de salaire et de conditions de travail. « Nous avons subi une baisse de salaire de 20 % depuis 2010. Le secteur n’est plus attractif pour les jeunes. Mais c’est aussi une question de sécurité. Avec la pénurie de personnel, les patients ne reçoivent pas des soins de qualité ou des soins sûrs ».
Pour Pat Cullen, infirmière et syndicaliste nord-irlandaise qui mène le mouvement de grève, « le bout du tunnel semblait proche, mais l’absence de négociation de la part du gouvernement ne fait qu’amplifier le mouvement ».
Mercredi 1er février, le Royaume-Uni a connu sa plus importante grève depuis une décennie. Des milliers d’enseignants, cheminots et agents publics avaient défilé dans les rues de Londres pour réclamer de meilleurs salaires.
Qui est Pat Cullen, infirmière et syndicaliste nord-irlandaise qui mène le mouvement de grève ?
Son métier d’infirmière, Pat Cullen dit l’avoir « dans le sang ». Les parents de cette Nord-irlandaise sont agriculteurs ; soigner n’en est pas moins une affaire de famille. Sa vocation, raconte-t-elle dans le Guardian, elle la puise dans les récits de sa sœur aînée. Au total, quatre de six ses frères et sœurs sont infirmiers.
Jeune, elle commence sa carrière dans le secteur de la santé mentale, jeune, elle mène son premier combat. Outrée que les patients difficiles soient privés de leurs affaires personnelles, elle écrit, en 1983, à la direction de son hôpital pour se plaindre d’une politique « sans cœur ». Elle remporte sa première bataille.
Autre combat des années, des décennies plus tard. Pat Cullen, membre depuis toujours du Royal College of Nursing (RCN), est nommée directrice pour l’Irlande du Nord en 2019. Elle y mène alors une grève pour une augmentation de salaire, le premier mouvement depuis la création du syndicat. Victoire là encore. Devenue secrétaire générale du RCN, la quinquagénaire fait voter en fin d’année dernière une grève historique avec arrêt de travail. Une première en plus d’un siècle d’existence de l’organisation. Cette bataille-là, aussi, Pat Cullen est déterminée à la gagner.