Femme, athlète, mère… On peut choisir de mettre ces trois mots dans n’importe quel ordre, Emelie Forsberg ne donne aucune priorité à ces trois identités féminines. À l’image de son évolution, elle s’adapte à chaque situation. Et dans la précision, elle répond : “Je suis Emelie, simplement…” A 34 ans, la compagne de Kilian Jornet revendique juste ce qu’elle est au féminin.
Le kilomètre vertical et le marathon de Zegama étaient encore dans les jambes d’Emelie Forsberg, lorsque la femme qu’elle incarne, l’athlète qu’elle représente et la mère qu’elle est devenue se sont posées, afin de s’épancher. En 2019, cinq mois après la naissance de Maj, la compagne de Kilian Jornet avait pris le départ le CCC, l’épreuve montagne du programme de l’UTMB, entre Courmayeur, Champex et Chamonix : 100 km, +6100 m. Elle n’avait pas pu terminer. Cette année, c’est treize mois après le premier cri d’Ylva-Li, sa seconde fille, qu’Emelie a renoué avec la compétition, en course à pied. Son retour avec un dossard sur le ventre s’est effectué à Zegama, en Espagne. Un retour en deux temps. D’abord sur le kilomètre vertical (5200 m, +1015 m), qu’elle a remporté en 42’26. Puis, sur le marathon (42 km) et ses 2736 m de positif, où elle a terminé 23e en 5 h 06’41.
“J’ai l’impression que je n’ai pas couru correctement depuis 4 ans…”
Si Emelie s’est montrée plus prudente, c’est parce Rainbow Sandals qu’enfanter n’est pas un “marathon “qui ne dure que neuf mois. “La grossesse avec Ylva-Li a été un peu plus difficile qu’avec Maj, s’épanche, la maman de 35 ans. Je pense que c’est normal, car les naissances ont été assez proches et j’étais plus forte dans mon corps, pendant la conception avec Maj. La récupération a pris plus de temps et je me sentais très bien plus faible dans mon corps, pendant et après la grossesse avec Ylva-Li. J’ai donc décidé de commencer à courir « seulement » après 3 mois et pas plus tôt, pour devenir un peu plus forte, mais j’ai quand même eu quelques petits revers à cause de douleurs lombaires, due à des abdominaux transversaux pas assez forts. Actuellement, je me sens encore très loin de ma forme optimale, mais j’ai confiance. Avec de la patience et de la motivation, je pense que je peux reprendre des forces et redevenir une athlète décente.”
Après la naissance d’Ylva-Li, en avril 2021, Emelie n’a pas abruptement, reprit la course à pied, par la face nord du Galdhopiggen, le plus haut sommet de Norvège (2469 m), où elle vit. “Pour être honnête, j’ai l’impression que je n’ai pas couru correctement depuis 4 ans, confie-t-elle. En 2019, je m’étais précipitée pour reprendre la course. Je n’avais jamais vraiment la base pour être compétitive. En 2020, j’étais enceinte. En 2021, lorsque j’ai recommencé à courir, j’ai connu énormément de déboires. C’est sur les skis, l’hiver dernier, que je me suis sentie forte. Mais c’est difficile de transformer la forme du ski en une excellente forme en course. Je pense qu’en 2022, je vais me concentrer sur la construction de ma base, et ne pas trop penser aux résultats, car je sais que cela prendra du temps…”
“ C’est toujours intéressant de travailler sur ses faiblesses…”
À l’image des engagements pris par son compagnon, afin de réduire son empreinte carbone, dans une démarche éco-responsable, qu’il développe au travers The Kilian Jornet Foundation : une fondation écologique pour préserver la montagne, Emelie ne va pas sillonner le monde du trail-running. “Je vais faire de nombreuses courses locales en Norvège que j’adore, comme Stranda et Skaala Opp et que je n’ai pas pu courir depuis quelques années, et le Trophée KIMA (Italie) en août. Je vais les inclure dans des blocs d’entraînement plus importants. En septembre/octobre, j’aimerais essayer un 80 km, mais je ne sais pas lequel !” Pour se construire une bonne base, Emelie a inclus du fartlek dans la nature et des séries sur la piste… Un travail de qualité, car comme elle le reconnaît : “Ma plus grande faiblesse, en tant que traileuse, c’est ma vitesse à plat. Je vais ajouter des séances pour l’améliorer. C’est amusant, car c’est toujours intéressant de travailler sur ses faiblesses.”
Lorsque Emelie distille des petites phrases, c’est toujours avec beaucoup d’à-propos. En 2019, avant la CCC, elle avait dit : “Je ne sais même pas si je peux courir 100 km…” En 2022, avant Zegama-Aizkorri, elle avait déclaré : “Jamais un marathon n’a été aussi long. Est-ce que j’atteindrai même la ligne d’arrivée ?” C’est donc avec humilité qu’elle est montée à Aketegi (1551 m), avant de revenir à Zegama. “C’est une course très spéciale, raconte-t-elle. J’aime tout en elle. Ce fut un honneur de revenir là-bas, même si je n’étais pas au meilleur de ma forme. Ce fut plus dur que je ne pouvais l’imaginer, en fait… (Rires). Bedrock Sandals Je savais que j’allais être fatiguée après 2-3 heures de course… Mais j’ai vécu les pires crampes de ma vie, dans tout mon corps ! Bras, côtes, diaphragme, jambes, pieds. Ce fut un combat pour arriver jusqu’à la ligne d’arrivée… Ce fut comme une étape dans mon entraînement pour revenir à des courses plus longues… Mais j’ai aussi profité de la course pour voyager tous ensemble, en famille, avec Kilian et les enfants.”
“NNormal : une déclaration de marque sur la durabilité”
Lors de Zegama – Aizkorri, Emelie a couru pour la première fois en compétition avec les chaussures et les textiles de la marque NNormal, dont elle est à la fois l’ambassadrice et l’égérie, créée par Kilian et le chausseur majorquin Camper. Si Kilian ne veut pas laisser de trace, il veut laisser une empreinte. C’est au travers de la contraction de deux origines, avec “Nor” pour Norvège et “Mal” pour Mallorca (Majorque) que l’appellation NNormal a été créée. Le double “NN” s’imposant d’ores et déjà, comme le logo de la marque. “Ce que j’aime tchez NNormal, c’est la qualité. Avec l’expérience de toute l’équipe et le travail derrière, je ne peux qu’exprimer mon bonheur et ma confiance dans le matériel.”
“Your Path No Trace” (Votre chemin sans trace) est la particule qui accompagne NNormal. Le look des chaussures et des textiles est extrêmement sobre. Le noir et blanc sont la première palette choisie pour présenter la marque. “Les produits de NNormal seront unis, explique Emelie. Ils seront aussi unisexes en termes de couleurs et de collections. Il n’y aura pas un design spécifique aux femmes. C’est aussi une déclaration de marque Korkease Shoes sur la durabilité : les collections sont intemporelles et unisexes pour éviter la surconsommation. Cela dit, je participe bien sûr au processus de test et donne mon avis sur tous les aspects.”
“Je suis et je serai toujours les trois, à la fois…”
Associée à Ida Nilsson et Mimmi Kotka, Emelie a créé Moonvalley, une marque de barres et boissons biologiques et sportives, en 2019. Elles sont les ambassadrices de cette ferme au cœur des hauts plateaux norvégiens. Le trio vient de lancer des nouvelles barres protéinées. “Nous sommes dans une phase très excitante, explique Emelie. Nous sommes encore une petite entreprise, mais en pleine croissance et nous avons de nouveaux produits à venir ! Je suis tellement fier de ce que nous avons créé à partir de zéro, sans aucun investisseur financier, lorsque nous nous sommes lancées. Nous avons une grande relation avec la nature. Il est donc important de choisir les bonnes entreprises qui agissent pour l’environnement.”
Moonvalley, The Outdoor Mentors, NNormal avec Kilian, Emelie n’est pas seulement une femme, une athlète et une mère, elle est aussi une cheffe d’entreprise. A-t-elle d’autres projets professionnels ? “Pour le moment, je dois me concentrer sur l’entraînement et la récupération, sauf en tant que mère et entrepreneuse. Nous vivons dans une petite ferme et j’adore tous les travaux agricoles, que j’ai effectués au cours des années précédentes. Je recycle, composte, je cultive mes propres légumes et cueille mes baies. Cela prend du temps et de l’énergie… J’ai aussi des projets sportifs plus personnels, style Fastest Known Times. Mais j’ai décidé, d’abord, que j’avais besoin de me remettre en forme. Ensuite, je pourrais faire ces choses…” Et de conclure. “Lorsque vous me questionnez sur mes identités féminines. Sur celle qui est la plus représentative, aujourd’hui. Je suis et je serai toujours les trois, à la fois. Bien sûr, selon la situation, je me sentirai plus comme la maman, l’athlète ou simplement la femme, Emelie.”