Silvio Berlusconi, «l’un des hommes les plus influents de l’histoire de l’Italie» salué au-delà de son camp

Les funérailles de Silvio Berlusconi, mort ce lundi 12 juin, à l’âge de 86 ans, auront lieu ce mercredi dans la cathédrale de sa ville natale, Milan. À la demande de la famille de Silvio Berlusconi – mais aussi du Palais Chigi, la présidence du Conseil- les obsèques du cavaliere seront célébrées au prestigieux duomo de Milan, la cathédrale. Il s’agira de funérailles d’État. La dépouille de l’ancien président du Conseil a été transférée dans la villa San Martino, à Arcore, au nord-est de Milan, là où il résidait.

Devant l’hôpital San Raffaele, où s’est éteint l’ancien président du Conseil, des centaines de fleurs ont été déposées. Toutes les activités politiques du gouvernement italien ont été suspendues depuis l’annonce du décès du fondateur de Forza Italia, c’est dire l’envergure que représentait Berlusconi, dont le parti est membre de la coalition gouvernementale au pouvoir. En Italie, tout le monde s’accorde pour dire que c’est une partie de l’Italie qui s’en est allée ce matin, même si beaucoup retiennent qu’il restera aussi dans l’Histoire pour ses frasques et ses démêlés avec la justice, rapporte notre correspondant à Rome, Éric Sénanque.

La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a rendu hommage à son allié Silvio Berlusconi. « Silvio Berlusconi était avant tout un battant. C’était un homme qui n’avait pas peur de défendre ses convictions et c’est précisément son courage et sa détermination qui ont fait de lui l’un des hommes les plus influents de l’histoire de l’Italie », a-t-elle déclaré dans une vidéo envoyée par son cabinet. « Berlusconi a été un grand leader politique qui a marqué l’histoire de notre République », a réagi le chef d’État Sergio Mattarella dans un communiqué, louant « une personne d’une grande humanité et un entrepreneur de succès ».

De son côté, Matteo Salvini, leader de Ligue et ministre des Transports a salué la mémoire un «  grand italien ». « L’un des plus grands de tous les temps, dans tous les domaines, à tous les points de vue, sans égal », a tweeté le responsable politique d’extrême droite. Il a aussi déploré la perte d’« un grand ami », se disant brisé. 

En Italie, même des hommes politiques opposés à Silvio Berlusconi ont salué la mémoire du Cavaliere. « Silvio Berlusconi a marqué l’histoire de ce pays. Beaucoup l’ont aimé, beaucoup l’ont détesté : chacun aujourd’hui doit reconnaître que son impact sur la vie politique mais aussi économique, sportive et télévisuelle a été sans précédent », a écrit Matteo Renzi, l’un des hommes forts de la gauche italienne.

L’AC Milan salue Berlusconi, son « inoubliable » ex-président

Détenu pendant plus de trente ans par Silvio Berlusconi, entre 1986 et 2017, L’AC Milan, a réagi à la mort de son ex-président. « L’AC Milan, profondément attristé, pleure la disparition de l’inoubliable Silvio Berlusconi », souligne le club. Le club rossonero – rouge et noir, NDLR.- était considéré comme un monument du football européen lorsque l’ex-chef de gouvernement italien en était le président, dans un message sur son site. « Merci président, pour toujours avec nous », ajoute-t-il.

L’entraîneur du Real Madrid, Carlo Ancelotti a exprimé lundi sa « reconnaissance infinie » envers Silvio Berlusconi, qui a été « déterminant » dans sa carrière de capitaine et de technicien au sein de l’AC Milan. « La tristesse d’aujourd’hui n’efface pas les moments heureux passés ensemble », a écrit sur son compte Twitter l’ancien joueur de 1987 à 1992 et entraîneur de 2001 à 2009, du club milanais. L’AC Monza, qu’il a repris en 2018, un an après avoir vendu Milan, et Adriano Galiani, bras droit de longue date de Silvio Berlusconi, ont aussi salué la mémoire de l’ex-chef du gouvernement italien.

Vladimir Poutine rend hommage à « un vrai ami »

En France et à l’international, les réactions sont rapidement venues de la droite et de l’extrême droite. « Personnage atypique, à la vie hors norme et au parcours fulgurant, Silvio Berlusconi a indéniablement marqué la vie politique italienne. À l’Italie en deuil, j’adresse mes condoléances », a tweeté Marine Le Pen. « Véritable monument de la politique en Italie et homme d’État qu’il a servi de toutes ses forces, il était un fervent défenseur de l’amitié entre nos deux nations. J’adresse mes condoléances à ses proches et au peuple italien », a réagi de son côté le patron des Républicains, Eric Ciotti.

Pour le Premier ministre britannique Rishi Sunak, s’exprimant à travers son porte-parole officiel, « Silvio Berlusconi a imprimé une empreinte considérable sur la politique italienne pendant plusieurs décennies ». De son côté, Viktor Orban a salué la mémoire d’un « grand combattant ».

Le président russe, Valdimir Poutine lui aussi a rendu hommage à Silvio Berlusconi. « Pour moi, Silvio était une personne chère, un vrai ami », a-t-il déclaré, dans un télégramme de condoléances adressé au président italien Sergio Mattarella. Le président russe a dit avoir toujours admiré sa « sagesse » et a fait l’éloge de son « énergie vitale incroyable », de son « optimisme » et de son « sens de l’humour », selon un communiqué du Kremlin.

Silvio Berlusconi, une figure qui a divisé en Europe

Silvio Berlusconi a été très présent sur la scène politique européenne, à la fois comme président du Conseil italien, mais aussi comme député européen. La présidente du Parlement européen lui rend hommage ce lundi 12 juin, mais Silvio Berlusconi a laissé un souvenir mitigé dans l’hémicycle et en Europe, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet.  

Silvio Berlusconi est une figure qui divise au sein du Parlement européen, il y a d’un côté ceux qui appartiennent à la même famille politique comme la présidente du parlement Roberta Metsola qui remercie « combattant du centre-droit » et ajoute « il a laissé son empreinte et ne sera pas oublié ». Mais il ne sera pas oublié non plus par la gauche, en particulier par l’ancien président du groupe socialiste, l’Allemand Martin Schulz qui en 2003 critiquait la présidence italienne de l’Union européenne, des critiques auxquelles Silvio Berlusconi répond par un dérapage qui a semé la consternation : « Monsieur Schulz, je sais qu’en Italie un producteur monte un film sur les camps de concentrations nazis. Je vous proposerai pour le rôle du kapo ».

Silvio Berlusconi a aussi soufflé le chaud et le froid en particulier en 2011 lorsque sa gestion de l’effarante dette italienne lui a mis à dos la France et l’Allemagne avant qu’il choisisse ensuite de démissionner. Au Parlement européen aussi, il a démissionné par deux fois, en 2001 après deux ans de mandat et en 2022, après trois ans alors qu’il était le plus vieux député d’un hémicycle où on se souvient surtout de son absentéisme permanent.

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