
Le président égyptien,Abdel Fattah al-Sissi, a indiqué mardi soir que son plan de reconstruction pour ce territoire palestinien avait été adopté par les dirigeants arabes. « Il a été approuvé », a déclaré le président égyptien lors de la séance de clôture du sommet de la Ligue arabe qui visait à adopter un plan alternatif à celui du président américain Donald Trump. Celui-ci a proposé de placer sous contrôle américain le territoire palestinien et à déplacer sa population vers l‘Égypte et la Jordanie voisines.
Les dirigeants arabes sont convenus de créer un fonds destiné à financer la reconstruction de la bande de Gaza, dévastée par la guerre, en appelant à une contribution internationale pour accélérer le processus de reconstruction. Selon le communiqué final du sommet de la Ligue arabe au Caire, consulté par l’AFP, le fonds « recevra des engagements financiers de tous les pays donateurs et institutions financières » pour mener à bien le projet de reconstruction dans le territoire palestinien.
« Toute tentative odieuse de déplacer le peuple palestinien ou […] d’annexer une partie des territoires palestiniens occupés plongerait la région dans une nouvelle phase de conflits […] ce qui constitue une menace claire pour […] la paix » au Proche-Orient, indique également le communiqué final du sommet de la Ligue arabe.
Les dirigeants arabes ont en outre appelé à unifier les rangs palestiniens sous la direction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP, composée de plusieurs organisations palestiniennes dont le Fatah), ce qui aurait pour effet de mettre à l’écart le mouvement islamiste Hamas qui n’en fait pas partie. Ils ont salué « la décision palestinienne de former un comité pour administrer Gaza sous l’égide du gouvernement palestinien, composé de personnes compétentes de la bande de Gaza pour une période transitoire, parallèlement aux efforts visant à permettre » à l’Autorité palestinienne de revenir à Gaza, selon le communiqué.
Une reconstruction sans évacuation de la population palestinienne
Au cours de l’après-midi, le sommet de la Ligue arabe s’est ouvert alors que l’accord de trêve, entré en vigueur le 19 janvier, vacille en raison de profonds désaccords entre Israël et Hamas. Le président égyptien y a présenté le plan élaboré par Le Caire pour la reconstruction de Gaza « sans évacuation de la population », rapporte notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti.
Il a insisté sur la composition d’une commission neutre sous l’égide de l’Autorité palestinienne chargée de gérer Gaza durant la première phase de la reconstruction. « L’Égypte, en coopération avec ses frères en Palestine, a travaillé pour former un comité administratif de professionnels et de technocrates palestiniens indépendants chargés de gérer la bande de Gaza », a-t-il souligné. Il a indiqué que les forces de l’ordre palestiniennes seront mixtes, de Cisjordanie et de Gaza, et seront entraînées en Égypte.
Les intervenants ont approuvé le plan égyptien et évité de critiquer les États-Unis, bien au contraire. « Considérant le traité de paix entre l’Égypte et Israël […] comme un modèle à suivre pour transformer l’état d’inimitié, de guerre […] en une paix durable […], le moment est venu d’adopter et de lancer un processus politique sérieux et efficace menant à une solution juste et durable à la cause palestinienne […] Je suis convaincu que le président Trump est capable d’y parvenir », a dit le président égyptien.
Un plan sur cinq ans pour 53 milliards de dollars
Ce plan, qui s’étalera sur cinq ans, avait déjà recueilli l’approbation quasi-générale des ministres des Affaires étrangères.
Il consiste à créer des zones d’habitation temporaires, tentes et préfabriqués, pour les Gazaouis. Les engins de chantier venus d’Égypte commenceront ensuite à déblayer quartier par quartier pour installer des infrastructures et reconstruire les bâtiments détruits pour la plupart.
Le projet est ambitieux, politiquement d’abord, car rien ne se fera sans le feu vert d’Israël qui contrôle de facto le territoire palestinien. Et puis économiquement, le défi est énorme : Abdel Fatah al-Sissi avance le chiffre de 53 milliards de dollars pour nettoyer et reconstruire la bande de Gaza.
L’Autorité palestinienne prête à « assumer ses responsabilités dans la bande de Gaza »
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé au sommet arabe du Caire la création d’un poste de vice-président ainsi qu’une amnistie visant les membres dissidents de son parti, le Fatah, en vue de leur réintégration.
Parmi ces dissidents figurent, bien que Mahmoud Abbas ne mentionne pas son nom, Mohammed Dahlan, ex-homme fort de la bande de Gaza avant la prise de pouvoir du Hamas en 2007. Aujourd’hui en exil aux Émirats arabes unis, celui-ci pourrait ainsi prétendre au poste de vice-président, dont la création est une demande de longue date de bailleurs internationaux de l’Autorité palestinienne.
Mahmoud Abbas a aussi assuré que l’Autorité palestinienne qu’il dirige était prête à jouer son rôle à Gaza conformément au plan égyptien de reconstruction de l’enclave palestinienne. « L’État de Palestine assumera ses responsabilités dans la bande de Gaza par le biais de ses institutions gouvernementales et un comité de travail a été formé à cet effet », a dit M. Abbas devant se pairs.
« L’appareil sécuritaire de l’Autorité palestinienne assumera son rôle après avoir restructuré et unifié les cadres présents dans la bande de Gaza et les avoir formés en Égypte et en Jordanie », a-t-il ajouté. « L’Autorité palestinienne est tout à fait prête à organiser des élections présidentielle et législatives l’année prochaine, à condition que les conditions appropriées soient réunies à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est », a-t-il dit encore.
Cela fait déjà plusieurs semaines que l’Autorité palestinienne tente de s’imposer comme interlocuteur incontournable de l’après-guerre, note notre envoyée spéciale à Ramallah, Amira Souilem. En multipliant les incursions meurtrières dans les localités de Cisjordanie occupée qui abritent des groupes armés en lutte contre Israël, l’Autorité palestinienne a tenté de donner des gages et de prouver aux Israéliens qu’elle serait apte à faire la même chose à Gaza.
Une démonstration de force qui a contribué à détériorer encore plus son image dans l’opinion publique palestinienne et qui pose la question de la représentativité des prises de position de l’Autorité palestinienne.
Le Hamas dit soutenir la création d’un comité pour gérer Gaza
« Nous saluons le plan de reconstruction de Gaza adopté dans la déclaration finale du sommet », a déclaré le Hamas dans un communiqué, exprimant également son « soutien à la formation d’un comité […] pour superviser les efforts de secours, la reconstruction et la gouvernance à Gaza », en référence à une instance dont la création a été annoncée lors du sommet de la Ligue arabe au Caire.
Le Hamas avait appelé le sommet arabe sur l’avenir de Gaza à « contrecarrer » tout plan de déplacement de la population du territoire, dont Israël exige la démilitarisation pour sauver l’accord de trêve avec le Hamas. « Nous espérons un rôle arabe efficace qui mette fin à la tragédie humanitaire créée par l’occupation dans la bande de Gaza […] et qui contrecarre les plans de l’occupation [israélienne] visant à déplacer » les Palestiniens, a déclaré le Hamas.
Le président syrien par intérim Ahmed al-Charaa convié pour la première fois à participer à un sommet de la Ligue arabe
Le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, participe au sommet de la Ligue arabe sur l’avenir de la bande de Gaza qui se tient mardi au Caire, une première depuis qu’il a évincé Bachar el-Assad de Damas. « Le président de la République arabe syrienne est au Caire […] pour prendre part au sommet arabe extraordinaire consacré aux développements de la question palestinienne », a rapporté l’agence officielle syrienne Sana.
La présidence syrienne a ensuite publié des images de Ahmed al-Charaa rencontrant notamment le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, le président palestinien Mahmoud Abbas et le président du Conseil européen Antonio Costa, en marge du sommet. Il a échangé avec M. Guterres « sur l’occasion historique de tracer une nouvelle voie pour la Syrie ainsi que sur les défis auxquels le pays est confronté », a indiqué un communiqué du porte-parole de M. Guterres. Selon le communiqué, le chef de l’ONU a « pris note des étapes importantes franchies sur la voie d’une transition politique en Syrie » et « souligné la nécessité d’une transition inclusive. »
Il s’agit de la première invitation de ce niveau adressée à Ahmed al-Charaa de la part de la Ligue arabe depuis qu’il a dirigé la coalition de factions rebelles islamistes qui a évincé le président syrien déchu, Bachar el-Assad, le 8 décembre.