Sommet de l’Apec à Bangkok: Emmanuel Macron plaide pour une «troisième voie» et la stratégie indo-pacifique de la France

Le président français a été invité au sommet de l'Apec qui se tient à Bangkok. La France ne fait pas partie de ce forum économique créé en 1989 et qui regroupe 21 pays de la région Asie Pacifique, soit 28% de la population de la planète. Mais les échanges avec cette région représentent un quart du commerce extérieur de la France.Le président français a été invité au sommet de l’Apec qui se tient à Bangkok. La France ne fait pas partie de ce forum économique créé en 1989 et qui regroupe 21 pays de la région Asie Pacifique, soit 28% de la population de la planète. Mais les échanges avec cette région représentent un quart du commerce extérieur de la France. REUTERS – POOL

Après le sommet de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) à Phnom Penh et le G20 dans la foulée à Bali, la Thaïlande accueille les membres de l’APEC, la vaste association économique de l’Asie-Pacifique. Le sommet s’ouvre ce vendredi et, parmi les invités, Mohammed ben Salmane, le prince héritier saoudien, et le président français Emmanuel Macron.

C’est la première fois qu’un pays européen est invité dans cette enceinte qui regroupe 21 pays de la région, dont les États-Unis et la Chine. Et avant de s’entretenir avec ses homologues, le président français s’est d’abord exprimé, en anglais, devant un parterre de grands patrons.

Emmanuel Macron a manié tantôt l’humour, tantôt la gravité, rapporte notre envoyée spéciale, Mounia Daoudi. L’humour quand il a lancé devant une salle comble : « Vous devez tous vous demander ce que vient faire un président français à un sommet de l’APEC, eh bien je voudrais rétablir la vérité, a-t-il lancé sous les applaudissements, la France n’est pas qu’un pays européen, c’est aussi une nation indo-pacifique grâce à ses territoires ultramarins et sa zone maritime, la deuxième au monde avec 11 millions de km2. » La gravité, quand il a parlé de la guerre en Ukraine, qui n’est pas qu’une guerre européenne, mais bien un conflit systémique dont les conséquences n’épargnent aucune région du monde.

Le président a ensuite défendu la stratégie indo-pacifique de la France, « une stratégie de l’équilibre, a-t-il dit, dans le respect des souverainetés et de libre circulation », la fameuse troisième voie qui n’impose pas de choisir entre un modèle, qu’il soit américain ou chinois. Celle du respect des souverainetés, de la libre circulation, qui permettrait de développer les échanges économiques mais aussi technologiques et culturels sans pour autant que s’impose un modèle hégémonique

Et pour bien marquer les esprits, Emmanuel Macron a encore choisi l’humour : « Nous sommes comme dans une jungle, a-t-il lancé, où deux gros éléphants cherchent sans cesse à étendre leur territoire, les autres animaux, les singes, les tigres, doivent coopérer pour contrer cette dynamique et empêcher l’hégémonie de ces deux superpuissances. » Un discours très dynamique d’une demi-heure, mais quinze minutes pour quitter la salle, chacun voulant son selfie avec le président français.

La France ne fait pas partie de l’Apec, ce forum économique créé en 1989 et qui regroupe un tiers de la population de la planète. Une région devenue ces dernières années le centre de gravité de l’économie mondiale. Avec ses voies maritimes majeures pour le commerce international, elle contribuera à environ 60% du PIB mondial d’ici 2030. Un espace surtout devenu un lieu de confrontation entre les deux premières puissances économiques que sont les Etats-Unis et la Chine. Les échanges entre l’hexagone et les pays de la région ont atteint 264 milliards d’euros l’année dernière, soit 24 % du commerce mondial de la France, selon le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Et les opportunités d’investissements sont nombreuses.

La Corée du Nord s’invite au sommet

Une première journée de sommet à laquelle s’est invitée toute seule la Corée du Nord. Suite à un tir de missile balistique tombé il y a quelques heures dans les eaux japonaises, une réunion d’urgence à l’APEC entre les États-Unis, la Corée du Sud, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, et le Canada a été organisée.

 

Environnement et crise économique au menu de l’Apec

La crise énergétique, l’inflation seront au cœur des discussions entre dirigeants pendant ce sommet, rappelle notre correspondante à Bangkok, Carol Isoux. Le gouvernement thaïlandais espère réussir là où le G20 vient d’échouer, c’est-à-dire parvenir à une déclaration conjointe significative sur ces questions et sur le conflit en Ukraine… sans toutefois avoir de grandes chances d’y parvenir.

Un accord de libre échange sur la zone Asie-Pacifique sera également soumis aux chefs d’Etat concernés ce vendredi, une initiative japonaise soutenue par plusieurs leaders régionaux. Le texte est une tentative locale de contrebalancer plusieurs accords initiés par les Etats-Unis dans la région. Le Premier ministre japonais a d’ailleurs rencontré Xi Jinping hier et les deux puissances asiatiques ont réaffirmé leur « amitié ».

Le gouvernement thaïlandais compte surtout soumettre aux participants un texte intitulé les « Objectifs de Bangkok », décrit comme une « mise en œuvre des accords de Paris » pour un développement durable, comprenant des engagements législatifs et d’investissement, dont la signature permettrait de s’assurer que le sommet de l’Apec soit vu comme un succès.

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