Le président ukrainien a remercié la Suisse d’avoir accueilli le sommet, rapporte notre correspondant à Genève Jérémie Lanche. Il s’est félicité de la centaine de participants présents. Et même si certains leaders de premier plan n’ont pas fait le déplacement, il l’assure : cette conférence fera date.
« Nous avons réussi à ranimer l’idée que les efforts communs des nations peuvent mettre fin à la guerre et permettre une paix juste », déclare le président ukrainien. « Tout ce qui sera décidé aujourd’hui fera partie du futur processus de paix dont nous avons tous besoin. Je crois que l’Histoire est en train d’être écrite ici. »
Aujourd’hui c’est le jour de notre succès commun. Nous avons en effet réussi à donner une chance à la diplomatie. L’Ukraine n’a jamais voulu cette guerre, criminelle et provoquée par la Russie. Le seul qui l’a voulu est Poutine. Mais quoi qu’il en soit, le monde est plus fort que lui…
Volodymyr Zelensky, président ukrainien
« Nous voulons assurer un processus de paix »
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il fera des propositions de paix à la Russie une fois qu’elles auront été agréées par la communauté internationale. « Lorsque le plan d’action sera sur la table, accepté par tous et transparent pour les peuples, alors il sera communiqué aux représentants de la Russie, afin que nous puissions vraiment mettre fin à la guerre », a-t-il déclaré à l’ouverture du premier sommet de la paix en Ukraine.
Volodymyr Zelensky semble très confiant, peut-être trop même. Juste avant le président ukrainien, son homologue suisse Viola Amherd a rappelé que les objectifs du sommet restaient modestes. À savoir créer les conditions favorables à l’émergence d’un processus de paix. La Russie devra forcément en faire partie, mais à quelles conditions. C’est là toute la question.
« Nous souhaitons inspirer un processus pour une paix juste et durable », a déclaré la présidente suisse Viola Amherd, aux côtés de son homologue ukrainien. « En tant que communauté internationale, nous pouvons préparer le terrain pour des discussions directes entre les parties belligérantes », a-t-elle ajouté, et de poursuivre : « Si nous voulons inspirer un processus de paix, la Russie doit également être impliquée à un moment donné. Cela est clair pour tous. »
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« Nous avons besoin d’une paix juste et équitable »
La veille, le président russe a exigé la reddition de l’Ukraine avant tout pourparler de paix. « Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas d’une paix dictée, mais d’une paix juste et équitable qui tienne compte de l’intégrité et de la souveraineté de l’Ukraine », a rétorqué le chancelier allemand Olaf Scholz, ce samedi sur la chaîne ARD, en écho aux condamnations des États-Unis et de l’Otan.
Ce qu’il propose au final, c’est de graver un raid impérialiste dans les textes. Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas d’une paix dictée, mais d’une paix juste et équitable qui tienne compte de l’intégrité et de la souveraineté de l’Ukraine. C’est pourquoi la conférence de paix qui se tient actuellement en Suisse est un premier pas important. Les grandes questions n’y seront pas encore tranchées. Mais les bases sont posées pour que des progrès puissent être réalisés sur les grandes questions, peut-être lors d’une autre conférence. Il est certain que les déclaration du président Poutine s’adressent à la politique intérieure de différents pays. Il sait qu’il y a beaucoup de citoyens qui aspirent à une évolution pacifique. Et c’est pour cela qu’il veut effacer et dissimuler le fait que c’est lui qui a commencé une guerre brutale et qui la poursuit sans faille.
Olaf Scholz dénonce une «paix dictée» voulue par Vladimir Poutine
Volodymyr Zelensky a, lui, dénoncé l’« ultimatum » à la « Hitler » du président russe, qui a lancé l’invasion du voisin ukrainien en février 2022.
La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a rejeté comme de la « propagande » les propositions du président russe Vladimir Poutine pour négocier la paix avec l’Ukraine. « Il ne me semble pas particulièrement efficace, comme proposition de négociation, de dire à l’Ukraine qu’elle doit se retirer de l’Ukraine », a ironisé Giorgia Meloni lors de la conférence de presse de clôture du sommet du G7 qui s’est tenu dans le sud de l’Italie. « Cela ressemble davantage à une initiative de propagande », a-t-elle ajouté.
Kamala Harris s’en est prise à Vladimir Poutine, accusé de « ne proposer qu’une reddition plutôt qu’une négociation ». Sauf que tout le monde sait que la Russie va devoir, à un moment donné, rejoindre le processus de paix, soutient la présidente de la Slovénie Nataša Pirc Musar.
Pour être honnête, j’attends surtout la prochaine conférence de paix. Elle sera plus concrète. Nous devons entendre plus de voix, et je crois qu’on ne pourra pas la faire sans la participation de la Russie. Si la Russie veut la paix, elle doit parler à l’Ukraine. Et nous, nous devons parler à l’ennemi. On ne peut pas négocier une paix avec des pays qui pensent tous la même chose.
Nataša Pirc Musar, présidente slovène
Un second sommet envisagé
Le président français Emmanuel Macron a affirmé lors de ce sommet : « Nous sommes tous déterminés à construire une paix durable. Et comme l’ont mentionné plusieurs d’entre vous, une telle paix ne peut pas être une capitulation ukrainienne », a-t-il déclaré en anglais. « Il y a un agresseur et une victime ».
« Cette guerre est un problème mondial », a-t-il dit, à l’unisson de nombreux autres dirigeants. S’adressant aux dirigeants, le président français a souligné : « Personne dans cette salle n’est en guerre contre la Russie, mais tout le monde souhaite une paix durable, c’est-à-dire une paix qui respecte les règles internationales et qui rétablisse l’Ukraine dans sa souveraineté ».
Un deuxième sommet est envisagé, auquel Kiev espère qu’une délégation russe participera, avait expliqué mardi le chef de cabinet de Volodymyr Zelensky, Andriy Yermak.