Transition en Syrie: dans le bras de fer les États-Unis proposent leur médiation dans le bras de fer entre la Turquie et Israël

L’offre de médiation de Washington marque un engagement de l’administration Trump dans le dossier syrien dont elle était restée distante. C’était le 7 décembre dernier, à quelques heures de la fuite de Bachar el-Assad de Damas vers Moscou. Alors président élu, Donald Trump écrivait sur les réseaux sociaux : « la Syrie est un désastre, mais elle n’est pas notre amie. Les États-Unis ne devraient rien avoir à faire avec ce pays. »

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump n’a pas retiré les troupes américaines présentes en Syrie au nom de la lutte contre le terrorisme, mais il n’avait pas fait du pays une de ses priorités.

Cette distance a fait le jeu des principales puissances militaires de la région : la Turquie et Israël. La Turquie est un soutien de poids de la coalition menée par des islamistes à la tête de la Syrie, qui a renversé le président Bachar al-Assad en décembre après près de 14 années de guerre civile.

Cette influence nouvelle d’Ankara en Syrie inquiète Israël, qui y a mené une série de frappes et d’incursions pour éloigner les forces syriennes de sa frontière nord. La semaine dernière, l’ONU a accusé Israël de vouloir « déstabiliser » la Syrie après des frappes meurtrières. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait exigé fin février « la démilitarisation totale du sud de la Syrie » et affirmé qu’il ne tolérerait pas que les forces du nouveau pouvoir se déploient au sud de Damas.

La Turquie compte quant à elle plusieurs milliers de soldats déployés sur le territoire syrien.

Israël et la Turquie, des intérêts opposés

Grâce à un engagement américain assez faible, les deux pays ont pu agir en Syrie. La Turquie, en cherchant à prendre l’espace laissé par l’Iran et la Russie, soutiens du régime Assad. Israël, en bombardant des sites pour empêcher tout renforcement militaire du nouveau régime syrien et occupant une partie plus large du territoire de son voisin.

Mais les intérêts des deux pays sont opposés et le bras de fer, pour l’instant contenu, pourrait conduire à une escalade. Donald Trump a donc proposé une médiation entre le président turc et le Premier ministre israélien, avec lesquels il revendique une proximité. Mais sera-t-il un médiateur neutre ? Lundi, il a apporté un soutien à Recep Tayyip Erdoğan et demandé à Benyamin Netanyahu d’être « raisonnable ».

Des discussions en Azerbaïdjan

La Turquie et Israël ont également mené mercredi soir en Azerbaïdjan des discussions visant à prévenir le risque d’escalade en Syrie, ont indiqué des sources turques et israéliennes. Cependant, les deux pays n’envisagent pour l’heure de normaliser leurs relations.

« Une délégation diplomatique, dirigée par le directeur du Conseil de sécurité nationale Tzachi Hanegbi, (…) a rencontré hier soir une délégation turque », ont indiqué les services du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, affirmant que les deux pays souhaitent « poursuivre le dialogue ». Une source au sein du ministère turc de la Défense a confirmé que cette « réunion technique », annoncée mercredi soir par Ankara, avait eu lieu en Azerbaïdjan, pays allié de la Turquie et qui entretient des relations étroites avec Israël.

Mercredi soir, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan avait affirmé qu’un « mécanisme de déconfliction » avec Israël était nécessaire, rappelant que les deux pays « font voler des avions » en Syrie. « Il est normal d’avoir des contacts au niveau technique pour définir cela », avait-il ajouté, précisant que cela ne signifiait pas qu’Ankara normalisait ses relations avec Israël.

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