Ukraine: fin de la réunion de crise des Européens à Paris, divisés sur l’éventuel envoi de troupes

Le chancelier Olaf Scholz, après la réunion à l'Élysée sur l'Ukraine avec le président Emmanuel Macron, le 17 février 2025.
Le chancelier Olaf Scholz, après la réunion à l’Élysée sur l’Ukraine avec le président Emmanuel Macron, le 17 février 2025. © Thibault Camus / AP

L’Europe et les États-Unis doivent « agir toujours ensemble » pour la sécurité collective, a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz après avoir quitté le palais présidentiel de l’Élysée avant la fin de la rencontre.

Le président américain a semé le désarroi chez ses alliés européens en parlant la semaine dernière avec son homologue russe, faisant planer la menace de voir le Vieux Continent rester spectateur d’une négociation en tête-à-tête pour mettre fin à trois ans de guerre en Ukraine.

D’autant que l’émissaire américain Keith Kellogg a clairement laissé entendre que Washington ne voulait pas des Européens à la table des négociations.

Alors que ces initiatives semblent s’accélérer, le président français Emmanuel Macron a convoqué à la hâte ce mini-sommet informel avec une dizaine de dirigeants de pays européens, de l’Union européenne et de l’Otan, dont le Britannique Keir Starmer, le Polonais Donald Tusk et l’Italienne Giorgia Meloni. Juste avant de les accueillir, il a parlé une vingtaine de minutes au téléphone avec Donald Trump, selon son entourage qui n’a pas précisé la teneur de cet échange.

« L’amitié avec les États-Unis entre dans une nouvelle phase », dit Donald Tusk

« Nous ne serons pas en mesure d’aider efficacement l’Ukraine si nous ne prenons pas immédiatement des mesures concrètes concernant nos propres capacités de défense », avait indiqué le Premier ministre polonais Donald Tusk avant la réunion de Paris. « L’Europe réalise que l’amitié avec les États-Unis entre dans une nouvelle phase », a déclaré Donald Tusk à la sortie de la réunion de Paris.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est également exprimé à l’issue de la réunion. « Les récentes déclarations de l’administration américaine ne devraient pas nous surprendre », souligne-t-il. « Le président Trump exprime depuis longtemps le souhait que l’Europe réponde aux exigences de sa propre sécurité. La réunion d’aujourd’hui était donc un premier pas essentiel pour répondre à ce défi. »

En matière de défense, il est clair que les États-Unis ne quitteront pas l’Otan, mais nous, Européens, devrons en faire plus. Cette question du partage du fardeau n’est pas nouvelle, mais elle est désormais pressante et les Européens devront augmenter leurs dépenses et leurs capacités de défense. En ce qui concerne l’Ukraine, l’Europe doit jouer son rôle, et je suis prêt à engager des forces britanniques sur le terrain, aux côtés d’autres pays, si un accord de paix durable est conclu. Mais il doit y avoir une garantie de sécurité américaine, car c’est le seul moyen de dissuader efficacement la Russie d’attaquer à nouveau l’Ukraine.

Pour Mark Rutte, secrétaire général de l’Otan, également présent à la réunion, « l’Europe est prête et a la volonté de se renforcer, de prendre l’initiative de fournir des garanties de sécurité à l’Ukraine », soulignant que tel était ce qu’il « retenait » de cette réunion d’urgence à Paris à l’invitation du président français Emmanuel Macron.

Au sortir de celle-ci, Olaf Scholz a aussi plaidé pour un « financement » accru de cet effort, en dérogeant aux règles budgétaires sacro-saintes en Allemagne.

« C’est une situation difficile pour l’Europe », dit Scholz

Mais au-delà de cette entente pour doper l’effort de défense continental, les Européens se sont écharpés publiquement sur un autre débat, celui de l’envoi de militaires en Ukraine pour assurer une éventuelle future trêve, pourtant au cœur des « garanties de sécurité » qu’ils sont appelés à fournir à Kiev dans des négociations avec Moscou.

Le Premier ministre britannique, qui ira la semaine prochaine voir Donald Trump à Washington et aimerait jouer un rôle de facilitateur entre les États-Unis et les Européens, s’est dit prêt dimanche à dépêcher « si nécessaire » des troupes en Ukraine pour « contribuer aux garanties de sécurité ». À la sortie de la réunion à Paris, il a appelé les États-Unis à apporter « un filet de sécurité » en Ukraine.

La Suède a également affirmé ne « pas exclure » un tel déploiement en cas de « paix juste et durable ».

Quant au Premier ministre polonais, Donald Tusk, un fort soutien de Kiev, il a fait savoir avant la réunion de Paris que la Pologne ne déploierait pas de militaires en Ukraine.

Ce débat est « hautement inapproprié » et « prématuré », a protesté le chancelier allemand, « un peu irrité » de le voir surgir maintenant. Il salue les pourparlers sur la paix pour l’Ukraine et appelle à ce que l’Ukraine participe aux négociations.

« C’est une situation difficile pour l’Europe. Nous saluons les pourparlers sur la paix pour l’Ukraine. Mais il doit s’agir d’une paix juste et durable. Et : l’Ukraine doit participer à ces pourparlers. L’Europe continuera à soutenir l’Ukraine. C’est ce que j’ai souligné lors de mes rencontres avec Zelensky », a écrit sur le réseau social X le chancelier allemand Olaf Scholz.

Première rencontre entre Américains et Russes à Riyad

Après le coup de fil la semaine dernière entre Donald Trump et Vladimir Poutine, hauts responsables russes et américains doivent se retrouver mardi 18 février en Arabie saoudite pour des pourparlers destinés, selon Moscou, à rétablir des relations bilatérales et poser les prémices de négociations sur l’Ukraine.

Une délégation russe, comprenant le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov et le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov, est arrivée lundi soir en Arabie Saoudite, a annoncé la télévision d’État russe. Rossiya 24 a montré les responsables russes descendre de l’avion à Riyad. « Le principal est d’entamer une véritable normalisation des relations entre nous et Washington », a déclaré M. Ouchakov aux journalistes.

À la tête de la délégation américaine, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, qui est arrivé lundi matin en Arabie saoudite, et il a été reçu dans la soirée par le prince héritier et dirigeant de facto saoudien, Mohammed ben Salman. Il est accompagné par le conseiller à la Sécurité nationale du président américain, Mike Waltz, et l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff.

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