Un jury new-yorkais a déclaré mardi 9 mai Donald Trump coupable d’avoir agressé sexuellement l’ancienne journaliste et écrivaine E. Jean Carroll dans les années 1990 et d’avoir diffamé celle-ci en la qualifiant de menteuse.
Le jury d’un tribunal civil de New York s’était retiré dans la journée pour délibérer et déterminer si Donald Trump a commis un viol ou une agression sexuelle en 1996 sur une l’ancienne chroniqueuse de presse E. Jean Carroll, qui l’accuse aussi de diffamation.
Les neufs jurés ont déterminé que l’ancien président américain n’était pas responsable d’un « viol », ont rapporté des médias américains dont le New York Times et CNN. Le tribunal civil fédéral de Manhattan a également décidé qu’il devait verser quelque 5 millions de dollars de dommages-intérêts pour cette agression sexuelle et pour diffamation à partir de la révélation des faits par E. Jean Carroll en 2019.
L’ancienne chroniqueuse du magazine Elle avait déclaré que Donald Trump l’avait violée dans une cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais, Bergdorf Goodman, au printemps 1996. Des accusations contestées par Donald Trump, qui compte reconquérir la Maison Blanche en 2024.
« Une honte », selon Donald Trump
C’est la première fois que l’ancien président, accusé dans le passé par une vingtaine de femmes d’agressions sexuelles ou de gestes déplacés, paye les conséquences judiciaires de telles accusations qu’il dément. « Ce verdict est une honte », a-t-il aussitôt dénoncé sur son réseau social Truth Social. « L’interminable chasse aux sorcières du parti démocrate (…) atteint un nouveau palier aujourd’hui », a ajouté son équipe de campagne, précisant qu’il comptait faire appel.
S’il n’existe aucun témoin oculaire ayant vu Donald Trump et E. Jean Carroll il y a plus de 25 ans dans les rayons, deux proches amies de la journaliste ont confirmé devant le tribunal qu’elle leur avait confié, peu après les faits présumés, avoir été « agressée » ou « attaquée » par l’homme d’affaires. Deux autres femmes, parmi celles qui ont accusé Donald Trump d’agression sexuelle ou de gestes déplacés dans le passé, ont aussi livré leur témoignage devant le jury. E. Jean Carroll a assuré qu’elle n’avait pas parlé pendant 20 ans de peur que Donald Trump ne détruise sa carrière.
Après ses révélations, elle avait dans un premier temps déposé plainte pour diffamation, car Donald Trump l’avait accusée de mentir pour faire vendre son ouvrage. Puis, en novembre 2022, elle a intenté un procès pour viol, grâce à une nouvelle loi de l’État de New York permettant aux victimes présumées d’agir en justice au civil même pour des faits potentiellement prescrits.
D’autres procès en cours
Donald Trump n’a jamais été poursuivi au pénal dans ce dossier, à cause de l’ancienneté des faits présumés, mais ce jugement au civil s’ajoute à ses ennuis judiciaires. Début avril, fait sans précédent pour un ancien président américain, le milliardaire républicain a été inculpé au pénal à New York pour 34 chefs de fraudes comptables et fiscales liées à des paiements pour étouffer des affaires embarrassantes avant la présidentielle de 2016, dont une relation sexuelle avec une star de films X, Stormy Daniels.
Donald Trump est aussi dans le viseur de la justice pour son implication présumée dans une tentative de retourner en sa faveur les résultats de la présidentielle de 2020 en Géorgie, et sur son rôle dans l’assaut du Capitole par ses partisans, le 6 janvier 2021.