L’organisme dénonce notamment certains accords, tel celui qu’a passé il y a quelques mois le Royaume-Uni avec le gouvernement népalais pour le recrutement d’infirmières, alors que ces professionnels sont en nombre très insuffisant au Népal.
Il faut stopper le recrutement massif et à bas prix d’infirmières dans les pays pauvres, déjà démunis en matière de santé, par les pays riches, et investir pour réduire leur déficit dans ce secteur. C’est en substance le message adressé lundi par le Conseil international des infirmières, une fédération de plus de 130 associations nationales. Selon le Conseil international des infirmières (CII, ICN en anglais), sept ou huit pays riches, parmi lesquels la Grande-Bretagne, les États-Unis et le Canada, sont à l’origine d’environ 80% des migrations internationales d’infirmières, pour tenter de combler leurs pénuries nationales.
« Il y a eu dans le monde une baisse de 20% du nombre d’infirmières travaillant à l’hôpital à cause de la pandémie. Elles ont changé de métier, ont quitté l’hôpital, explique Pamela Cipriano, présidente du Conseil international des infirmières. Pour les remplacer, des pays se sont tournés vers le recrutement à l’étranger. Les États-Unis, qui le faisaient déjà avant la pandémie, mais également des pays nordiques, comme la Finlande, le Royaume-Uni aussi, qui recrutent activement des infirmières qui viennent d’Afrique notamment Ghana, Botswana, Nigeria, des Caraïbes. »
Fuite des cerveaux
Ces recrutements massifs, dans des pays africains ou asiatiques dont les systèmes de santé figurent parmi les plus fragiles de la planète, sont difficilement justifiables, estime le CII. « Nous sommes très préoccupés par certains exemples », a déclaré Howard Catton, directeur général du CII, lors d’une conférence de presse organisée lundi par l’association des correspondants de l’ONU à Genève. Il a ainsi évoqué les pourparlers entre la Grande-Bretagne et le Ghana en vue d’un accord via lequel Londres paierait à Accra 1 000 livres (1 140 euros) par infirmière recrutée. « Cela ne revient nullement à reconnaître la véritable valeur des coûts de formation de cette infirmière », ni « la perte pour le système de santé ghanéen », a-t-il expliqué.
L’organisme a également dénoncé l’accord conclu par Londres avec le gouvernement népalais pour le recrutement d’infirmières, alors qu’il y a 80 infirmières pour 10 000 habitants en Grande-Bretagne, contre environ 20 au Népal. « Cela enlève des infirmières d’une base déjà très faible, où l’accès aux soins est limité » et peut ainsi disparaître par endroits, a-t-il déclaré.
Le recrutement international se concentre de plus principalement sur les infirmières spécialisées et expérimentées, déplore le CII. « Elles sont souvent expérimentées. Or, ces pays ont un grand besoin de cette ressource humaine qualifiée. Le fait de la retirer des systèmes de soins de ces pays les fragilise encore plus. », souligne la présidente Pamela Cipriano.
Elle en a appelé à l’« éthique » des pays recruteurs, en leur demandant de se mobiliser pour devenir autosuffisants en matière de formation d’infirmières. « La santé est un problème mondial » et « nous ne voulons pas voir certains pays prospérer et d’autres souffrir », a-t-elle déclaré.