Viktor Orban parmi les dirigeants européens attendus à l’hommage à Jacques Delors

Ils sont pour l’instant une dizaine de dirigeants en exercice à avoir confirmé leur présence à l’hommage rendu ce vendredi à Jacques Delors, décédé le 27 décembre à l’âge de 98 ans. Parmi eux, le président allemand Frank-Walter Steinmeier et le Premier ministre belge Alexander De Croo. Les présidents du Conseil, de la Commission, du Parlement et de la Banque centrale européens sont aussi attendus, avant un hommage européen à Bruxelles plus tard en janvier. La maire de Lille Martine Aubry, fille de Jacques Delors, a été étroitement associée aux préparatifs, mais ne prendra pas la parole, a fait savoir l’Élysée.

La France a invité tous les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, ainsi que les dirigeants des institutions communautaires, actuels ou en exercice pendant que le social-démocrate Jacques Delors siégeait à Bruxelles de 1985 à 1995. Parmi les invités, un nom surprend : celui de Viktor Orban. Le Premier ministre nationaliste hongrois est à l’opposé de l’héritage de Jacques Delors, rappelle notre Julien Chavanne, journaliste au service international de RFI. « On a invité tout le monde, sans distinction », évacue une conseillère du président français.

Paris n’avait aucun intérêt à blacklister Viktor Orban : la voix du dirigeant hongrois reste indispensable pour valider – bientôt – une nouvelle tranche d’aides de 50 milliards d’euros à l’Ukraine. Les dirigeants des 27 ne se sont pas revus depuis le dernier conseil européen en décembre : le sommet avait viré au bras de fer avec la Hongrie sur l’adhésion de l’Ukraine. Associer Viktor Orban à l’hommage de Jacques Delors, son antithèse, est une façon pour Emmanuel Macron de tendre la main au dirigeant hongrois.

Les élections européennes en ligne de mire

L’hommage national dans la cour des Invalides à Paris connaîtra une « innovation » liée à la dimension continentale de l’ex-président de la Commission européenne, décédé le 27 décembre à 98 ans : après l’éloge funèbre du chef de l’État, la sonnerie aux morts et la Marseillaise, retentira l’Ode à la joie, l’hymne européen, interprété par l’orchestre de la Garde républicaine, a annoncé jeudi l’Élysée.

Selon son entourage, Emmanuel Macron célèbrera le rôle joué par Jacques Delors dans la politique française, de son cheminement avec le gaulliste social Jacques Chaban-Delmas à la fin des années 1960 à son influence pour que la France reste dans l’Europe en 1983 en tant que ministre de l’Économie du président socialiste François Mitterrand. Le président de la République devrait dire que « la France ne serait pas restée une puissance souveraine dans l’Europe telle que nous la connaissons aujourd’hui sans Jacques Delors », a expliqué un conseiller à des journalistes. Dans ses vœux aux Français du 31 décembre, il a invoqué son « héritage » pour appeler à faire en 2024 le « choix décisif » d’une « Europe plus forte, plus souveraine ».

Même s’il ne s’agit pas de transformer cet hommage en tribune de campagne, le discours d’Emmanuel Macron, qui se pose régulièrement en chef de file des « progressistes » pro-européens, devrait résonner aussi à l’aune des élections européennes de juin, alors que l’extrême droite est en tête dans les sondages en France.

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