Visite de Charles III: au Sénat, le roi plaide pour une nouvelle «entente» entre Londres et Paris sur le climat

Le roi Charles III a plaidé jeudi pour une nouvelle « entente » avec Paris sur le climat et assuré de la « détermination inébranlable » de Londres et Paris à soutenir l’Ukraine lors d’un discours devant les parlementaires français. Un discours salué par une standing ovation.

Alternant prise de parole en français et en anglais, le roi Charles III, aux convictions environnementales affirmées, a proposé que France et Royaume-Uni s’engagent autour d’une « Entente pour la Durabilité » afin de mieux répondre à « l’urgence mondiale en matière de climat et de biodiversité ».

Charles III au Sénat: «Malgré la sévérité des défis auxquels notre planète est confrontée, il est urgent de voir les mesures prises par nos gouvernements…»

S’inspirant de l’Entente cordiale, un texte signé en 1904 par les deux pays pour aplanir leurs très fortes divergences de l’époque, le monarque, fleur rose à la boutonnière, a justifié cette initiative au nom de « l’exemple du passé » afin de « relever les immenses défis du monde qui nous entoure », au deuxième jour de sa première visite d’État en France. Ces déclarations royales interviennent alors que le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé mercredi le report de plusieurs mesures phare de la politique climatique du Royaume-Uni. « Sur cet enjeu majeur, sur cette grande question du millénaire » qu’est l’environnement, « Marianne et Britannia resteront deux sœurs », avait assuré en introduction la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.

Avec ce discours, certains parlementaires ont eu une preuve du rapprochement entre Paris et Londres après des années post-Brexit difficiles, rapporte notre envoyé spécial sur place, Aurélien Devernoix. Côté écologie, ils ont surtout savouré un discours sur le climat bien différent de celui tenu par le gouvernement britannique. Même du côté des réticents à cette présence royale dans une enceinte républicaine, comme les communistes, la main tendue de Charles III en termes de coopération et le rappel des sacrifices communs lors des guerres mondiales a été appréciée.

Ce discours à la tribune du Sénat français était une première pour un souverain britannique. En 2004, sa mère Elizabeth II avait en effet prononcé un discours dans la salle des conférences du Sénat, devant députés et sénateurs réunis, mais pas dans l’hémicycle.

Renforcer la relation entre le Royaume-Uni et la France

Sur le front diplomatique, le roi, qui entend asseoir son image à l’international un an après son accession au trône, a assuré jeudi de la « détermination inébranlable » du Royaume-Uni et de la France à voir l’Ukraine « triompher ». Le roi Charles III s’est également engagé devant les parlementaires français à « faire tout ce qui est en son pouvoir pour renforcer la relation indispensable entre le Royaume-Uni et la France ». Gérard Larcher, le président du Sénat français, a de son côté souligné que le destin du Royaume-Uni « demeure intimement lié au continent européen ».

Mercredi soir, Charles III avait été reçu par le président Emmanuel Macron pour un dîner fastueux au château de Versailles, temps fort de la visite du roi en France, sous le signe de l’amitié franco-britannique après les turbulences du Brexit.

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Cette visite de trois jours en France, la première depuis le couronnement du monarque, « est un signe d’amitié et de confiance », perçu « comme hommage à notre passé, et comme gage d’avenir », avait affirmé le président français en ouverture du repas.

Pendant le discours du roi au Sénat, la reine Camilla et Brigitte Macron ont lancé le prix littéraire franco-britannique à la Bibliothèque nationale. La Première dame française a présenté à l’épouse de Charles III une robe d’Edith Piaf, ainsi que des manuscrits de William Shakespeare et de Victor Hugo.

La visite de Charles III en France aurait dû avoir lieu dès mars et être sa première visite en tant que roi à l’étranger, mais elle avait dû être annulée à la dernière minute sur fond de violentes manifestations en France contre la réforme des retraites.

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Le roi Charles III en visite sur le parvis de Notre-Dame de Paris

L’après-midi du souverain britannique a été consacrée à la visite de quelques lieux symboliques de la capitale. Après une visite au Marché aux fleurs – qui porte le nom de sa défunte mère Elizabeth II –, dans le cœur historique de Paris, le couple royal a rejoint le couple Macron sur le parvis de Notre-Dame de Paris, ravagée par un incendie de 2019, rapporte notre envoyé spécial sur place Daniel Vallot.

La du roi Charles III et de la reine Camilla sur le parvis de Notre-Dame de Paris, le 21 octobre 2023.
La du roi Charles III et de la reine Camilla sur le parvis de Notre-Dame de Paris, le 21 octobre 2023. © Christophe Petit Tesson / AP

Le roi a d’abord rencontré des sapeurs-pompiers présents lors de l’incendie et qui lui ont raconté leur combat contre les flammes, passé la sidération du début : « nous avons été aidés par la solidité de la cathédrale et aussi par la providence ». Le roi s’est entretenu ensuite avec les sculpteurs chargés de la rénovation des gargouilles et des chimères, ces statues qui décorent la cathédrale, et qui ont été abimées par l’incendie. Charles III visiblement captivé par les détails techniques de cette rénovation, comme nous l’a indiqué à l’issue de la visite Philippe Joste, président de l’établissement « Rebâtir Notre Dame ».

« On l’a senti particulièrement intéressé et heureux de ce qu’il voyait. Et puis on a senti qu’il y avait un lien de sa part avec cette cathédrale. Il a dit qu’il était impatient de revenir et on le sentait heureux de voir ces talents qui se déployaient et la qualité du travail qui est fait pour Notre-Dame », souligne Philippe Joste.

Le roi Charles III souhaite donc revenir sur le site et visiter la cathédrale une fois qu’elle sera de nouveau ouverte au public, ce qui devrait être le cas fin 2024. Le roi d’Angleterre qui s’intéresse de près aux questions d’architecture – l’une de ses passions au point qu’il a lui-même dessiné les plans d’une ville nouvelle au Royaume-Uni –, et qui témoigne depuis 2019 d’un intérêt tout particulier pour la rénovation de Notre-Dame, ayant lui-même a participé il y a maintenant trente ans à une autre restauration : celle du Château de Windsor, lui aussi victime d’un terrible incendie qui l’avait partiellement détruit.

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