Voici comment une chaussure a contribué à l’émergence du trail running

Salomon vient d’annoncer la sortie pour cet été de la sixième version d’un modèle iconique de sa gamme, la Speedcross 6. Une chaussure qui a participé à la renommée de la marque d’Annecy sur les sentiers et dont les Belges sont friands. Il faut dire que son terrain de jeu, c’est la boue, le gras. Un menu que les traileurs de chez nous connaissent particulièrement bien.

Si elle se veut un peu plus légère et affiche une adhérence encore renforcée suite à l’actualisation de la semelle extérieure, la sortie de cette Speedcross 6 est aussi l’occasion de se pencher sur l’histoire de la godasse.

Objectif: courir vite en montagne

Au milieu des années 2000, Salomon se forge rapidement une réputation dans le milieu du trail running. La XA Pro, conçue pour les courses d’aventure, rencontre un certain succès commercial, prouvant qu’il y avait une place pour un projet plus spécialisé. Inspirée par les courses locales qui se déroulaient près du siège de Salomon, à Annecy, dans les Alpes françaises, et par les employés, les concepteurs et les athlètes, l’équipe de conception des chaussures de Salomon eut l’idée de créer une chaussure légère, adhérente et protectrice.

La chaussure ainsi créée allait lancer une révolution chez Salomon, changer les règles de la course en montagne et contribuer à la naissance et au développement du trail running. Elle s’appelait Speedcross, et était conçue pour courir vite en montagne tout en protégeant vos pieds des rochers et des obstacles et en assurant la stabilité sur les rochers mouillés et dans la boue.

Née d’une tentative de buzz

La Speedcross n’est pas née d’une étude de marché approfondie ou de groupes de discussion, mais plutôt d’une tentative interne de créer un buzz. S’inspirant des pneus de motocross, la Speedcross a commencé à prendre forme, avec un profil bas et un look robuste qui avait une « crudité sophistiquée ». Le « fil graphique » sur le garde-boue donne l’impression que la chaussure peut mordre le sol quelles que soient les conditions ou l’inclinaison du chemin.

En raison de restrictions budgétaires, la chaussure n’a pu être développée qu’à partir de composants existants. La semelle extérieure a été empruntée à la XA Harrier à crampons profonds. Le châssis traditionnel a été remplacé par une construction en plumes qui dissimule la semelle intermédiaire. Les gens auraient certainement remis en question la stabilité d’une chaussure sans châssis, mais cette construction a apporté l’agilité nécessaire pour courir plus vite en montagne et a créé une meilleure transition avec le sol.

 

© Salomon

 

 

La Speedcross a été une telle révolution qu’elle a été mise à jour en 2007 et 2011, puis deux fois de plus en 2016 et 2019. La nouvelle Speedcross 6 a été conçu par un designer différent de celui qui a conçu la Speedcross 5, qui était également différent de celui qui a conçu la Speedcross 4, et ainsi de suite. Bien que chaque version ait un designer différent, la Speedcross est resté fidèle à son code source original, son ADN.

« La première version de la Speedcross avait un talon assez arrondi, elle n’était donc pas aussi stable », explique Felix Dejey, responsable de l’évaluation des produits pour les chaussures Salomon, qui a travaillé sur les premières versions de la chaussure. « Nous avons beaucoup appris au fil du temps. Les Speedcross 2, 3 et 4, par exemple, étaient extrêmement stables. Il est vraiment étonnant de voir le chemin parcouru par la chaussure. Aujourd’hui, nous voyons les gens l’utiliser également comme une chaussure de style de vie, ce que nous n’aurions jamais pu prédire, et elle est disponible dans toutes sortes de couleurs. »

Des sentiers à la rue

Au fil des années, le look unique de la Speedcross est même devenu populaire bien au-delà des designers et des coureurs de trail. En 2015, lorsque le détaillant de mode parisien The Broken Arm a contacté Salomon pour vendre la chaussure Snowcross – un dérivé de la Speedcross conçu pour la course dans la neige – avec une guêtre haute, des crampons métalliques et une construction entièrement étanche – il est devenu évident que la Speedcross avait un grand potentiel pour être portée en ville.

La silhouette emblématique de la Speedcross 3, créée en 2010, a depuis été retravaillée plusieurs fois avec de nouvelles palettes de couleurs et de dégradés. Ce look brut et unique permet aux designers de jouer avec chaque élément, d’ajouter des détails spécifiques et de s’approprier la chaussure pour lui donner un attrait différent.

« La Speedcross a un design si radical, une émotion si brute. On voit au premier coup d’œil que c’est une chaussure faite pour le trail running, on voit qu’elle est prête pour le trail », explique Guillaume Steinmetz, fondateur de The Broken Arm. « Elle n’est pas faite pour autre chose que d’être en extérieur, c’est pourquoi elle se démarque si bien par rapport à d’autres chaussures et marques qui tentent de suivre une tendance. Avec la Speedcross, le code source est si fort que l’on peut reconnaître la chaussure au premier coup d’œil. »

La Speedcross 4 a également été retravaillée en collaboration avec des personnes comme Palace, une marque de skateboard de Londres.

Année après année, designer après designer, la Speedcross est restée fidèle à son intention première : courir vite en montagne. Bien que l’utilisation de la chaussure se soit détournée au fil du temps – des sentiers de randonnée aux parcs et aux pistes – la Speedcross reste une icône. Aujourd’hui, la nouvelle Speedcross 6 reste fidèle à l’ADN de ses prédécesseurs.

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